La chancelière Angela Merkel inaugure lundi soir une exposition organisée par le mémorial de Yad Vashem qui présente pour la première fois à Berlin une centaine de peintures et dessins, réalisés pendant la Shoah, sous le titre "L'Art de l'Holocauste".
"Après y avoir pensé et repensé, nous avons considéré que c'était peut-être le bon moment et le bon endroit de montrer cette collection en Allemagne", a expliqué le président du mémorial Avner Shalev, lors d'une conférence de presse lundi.
Mme Merkel qui visitera l'exposition dans la soirée, a saisi cette occasion pour appeler à la vigilance contre l'antisémitisme, dans son podcast hebdomadaire rendu public samedi.
"L'antisémitisme est plus répandu que ce qu'on imagine. Et c'est pourquoi il nous faut de façon intensive agir contre", a-t-elle estimé.
Mme Merkel a appelé à prendre "au sérieux" les préoccupations formulées fin novembre par le président du Conseil central des juifs d'Allemagne, Josef Schuster, qui s'inquiétait du fait que beaucoup des quelque 1,1 million de migrants accueillis dans le pays "viennent de cultures où la haine des juifs et l'intolérance sont solidement installées".
L'initiative de l'exposition revient au quotidien populaire allemand Bild, très engagé dans le devoir de mémoire vis-à-vis de la Shoah.
La moitié des 50 artistes dont les oeuvres sont présentées n'ont pas survécu aux persécutions nazies.
Mais, a souligné Avner Shalev, le fait que ces oeuvres soient arrivées jusqu'à nous montre justement l'importance de leur message: "en fin de compte, c'est l'humanité qui l'emporte".
Ces oeuvres reflètent "la tension qui existait entre la volonté de dépeindre la réalité et le désir de se libérer à travers l'art", a souligné Eliad Moreh-Rosenberg, conservatrice de l'exposition.
Témoignages du génocide en marche et fenêtres de liberté permettant de s'évader de l'horreur, ces dessins réalisés en dépit des persécutions et des difficultés matérielles, constituent "un trésor qui n'a rien perdu de son incroyable force", a souligné le directeur du Musée d'histoire allemande, Alexander Koch.
L'exposition se tiendra jusqu'au 3 avril.