Quelque 10.000 personnes ont été déplacées par les combats déclenchés la semaine dernière entre les forces gouvernementales et les rebelles au Darfour, dans l'ouest du Soudan, a indiqué lundi la mission de paix conjointe ONU-Union africaine au Darfour (Minuad).
Les affrontements ont éclaté autour de Jebel Marra, une zone montagneuse à cheval sur les Etats du Darfour-nord, Darfour-centre et Darfour-sud et considérée comme un fief de l'Armée de libération du Soudan-Abdel Wahid Nour (SLA-AW), l'un des groupes rebelles combattant le régime de Hassan al-Béchir.
"Quelque 8.403 civils, des femmes et des enfants pour la plupart, ont trouvé refuge" dans les alentours d'une base de la Minuad, près de la ville de Sortoni dans l'Etat du Darfour-nord, a indiqué dans un communiqué la mission, engagée au Darfour depuis 2007.
"Selon le bureau des Affaires humanitaires (Ocha), 2.385 personnes ont aussi été déplacées à Tawila dans le Darfour-nord", a-t-elle ajouté, en disant vérifier des informations selon lesquelles des "personnes sont prises au piège dans des zones où les combats se poursuivent".
En 2003, des rebelles non arabes se sont soulevés pour réclamer la fin de la "marginalisation économique" du Darfour et un partage du pouvoir avec le gouvernement de Khartoum dominé par les Arabes. Depuis, les combats n'ont jamais cessé même s'ils sont parfois moins intenses.
M. Béchir est recherché depuis 2009 par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerres, crimes contre l'humanité et génocide dans cette région.
Il a décrété l'an dernier une trêve au Darfour et dans les Etats du Nil bleu et du Kordofan-sud, qu'il a prolongée d'un mois le 31 décembre.
La région de Jebel Marra a été l'an dernier le théâtre de violents affrontements qui avaient relativement épargné le Darfour jusqu'à la semaine dernière.
Selon la Minuad, les Casques bleus ont rapporté samedi "des tirs à l'artillerie lourde et bombardements sporadiques à Jebel Marra" depuis leur base à Nertiti, dans le centre du Darfour.
L'armée soudanaise a affirmé respecter le cessez-le-feu mais qu'elle ripostait à des attaques contre ses positions. Le groupe SLA-AW a lui accusé le gouvernement affirmant avoir repoussé plusieurs offensives.
La semaine dernière, le Fonds de l'ONU pour l'enfance (Unicef) a exprimé son inquiétude à propos du regain de violence, rappelant que "les enfants continuent malheureusement de payer le plus lourd tribut de l'un des plus longs désastres causés par l'Homme, dans certaines zones depuis plus d'une décennie".
Le conflit au Darfour a fait plus de 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés depuis 2003, selon l'ONU, mais le bilan des victimes date depuis plusieurs années.