La défense de Charles Blé Goudé surnommé le "général de la rue" a assuré mardi que le ministre de la Jeunesse de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo n'était pas l'instigateur de graves violences comme il en est accusé devant la CPI.
"Charles Blé Goudé n'a jamais ordonné l'utilisation de violence", a affirmé son avocat, le Néerlandais Geert-Jan Knoops, au quatrième jour du procès des deux hommes jugés pour crimes contre l'humanité par le Cour pénale internationale.
MM. Gbagbo et Blé Goudé sont poursuivis pour leur rôle présumé dans la crise née du refus de l'ex chef de l'Etat de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, reconnu vainqueur de l'élection présidentielle de fin 2010.
M. Blé Goudé, dirigeant des "Jeunes patriotes", un mouvement pro-Gbagbo extrêmement violent, a gravité une décennie durant autour de l'ex-président, multipliant les coups d'éclat. Il est considéré par ses détracteurs et par les ONG internationales comme un de ceux qui ont le plus contribué aux violences. Il avait notamment lancé ses partisans dans de émeutes anti-françaises en janvier 2003 et novembre 2004.
"Charles Blé Goudé n'est pas un général de la rue, c'est un homme qui a essayé d'arrêter la violence", a affirmé son avocat dans sa déclaration liminaire.
"C'est un homme de paix, un pacifiste dans l'âme", a-t-il ajouté, assurant qu'"il était même considéré comme trop pacifiste, trop comme Martin Luther King"'.
Une vidéo montrant M. Blé Goudé en compagnie d'un activiste américain, ancien proche de Martin Luther King, a notamment été diffusée : "je vous invite à prier pour toutes les communautés", y déclare l'accusé.
Contrairement à Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé doit s'exprimer après ses avocats, probablement en fin de journée.
Me Knoops a ajouté que son client "ne pouvait faire partie d'un plan commun présumé : il a essayé d'unifier son peuple, d'appeler au dialogue".
Selon l'accusation, Laurent Gbagbo, "sentant que la présidence allait lui échapper", a commencé à mener une campagne de violences orchestrées contre ceux considérés comme ses opposants.
Charles Blé Goudé avait, au contraire, "entamé le dialogue avec la communauté musulmane", présumée pro-Ouattara, a assuré Me Knoops, montrant notamment des vidéos de rencontres électorales avec son client.
Le procès de MM. Gbagbi et Blé Goudé s'est ouvert jeudi dernier, l'accusation assurant alors que l'ancien président, âgé de 70 ans, s'était accroché au pouvoir "par tous les moyens".
Les deux hommes ont plaidé non-coupable avant que la défense de l'ancien président ne prenne la parole, accusant lundi Alassane Ouattara de s'être emparé du pouvoir "par la force" avec l'aide de la France.
Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois, transformant en champ de bataille certaines zones du premier producteur mondial de cacao, moteur économique de l'Afrique de l'Ouest.