Les avocats de l'ancien ministre sénégalais Karim Wade, détenu à Dakar où il a été condamné en mars 2015 à six ans de prison pour enrichissement illicite, ont annoncé avoir déposé mardi à Paris une plainte pour dénoncer sa "détention arbitraire".
"La plainte a été déposée par les avocats de Karim à Paris ce (mardi) matin même", en son nom, auprès du Tribunal de grande instance, a affirmé à l'AFP Me El Hadj Amadou Sall, un des avocats sénégalais de Karim Wade, fils de l'ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012) et de mère française.
Dans un communiqué transmis à l'AFP, le collectif des avocats de Karim Wade explique que la plainte, "pour détention arbitraire", vise à "faire respecter ses droits dont il est privé par le pouvoir politique sénégalais", en référence au régime de Macky Sall, vainqueur d'Abdoulaye Wade à la présidentielle de 2012.
Selon ses avocats, la plainte se fonde sur un nouvel avis du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, basé à Genève, publié le 29 janvier, confirmant sa décision de 2015 et demandant au "Sénégal de prendre les mesures nécessaires pour remédier à la situation et la rendre conforme aux normes internationales des droits de l'Homme".
Saisi par la défense de M. Wade, cet organe de l'ONU avait estimé en avril 2015 que sa détention était "arbitraire". Un des avocats, Me Seydou Diagne, avait alors précisé à l'AFP que la période concernée allait "de l'instruction au procès", soit sa détention préventive.
Le procès de Karim Wade, qui se présente comme "prisonnier politique", s'était ouvert le 31 juillet 2014 après environ 16 mois de détention préventive. Il a été condamné en mars 2015 à six ans de prison et plus de 210 millions d'euros d'amende par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI, juridiction spéciale).
Il avait saisi la Cour suprême, sa dernière voie de recours au plan national, qui a rejeté ses pourvois et confirmé sa condamnation en août 2015.
Dans son communiqué de mardi, le collectif des avocats affirme que Karim Wade "a été privé des garanties indispensables à un procès équitable" et que, "ne pouvant plus faire valoir ses droits devant la justice de son pays, il est aujourd'hui contraint, sans autre choix, de saisir la justice internationale pour poursuivre les personnes responsables de sa détention arbitraire".