Chambres à gaz "détail" de l'histoire de la Seconde Guerre: Jean-Marie Le Pen invoque son immunité

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Convoqué mercredi pour avoir réitéré ses propos sur les chambres à gaz, "détail" selon lui de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, Jean-Marie Le Pen invoque son immunité parlementaire d'eurodéputé et n'entend pas se présenter devant le tribunal correctionnel de Paris.

Condamnés par sa fille Marine qui lui a succédé à la tête du Front national, ces propos, entre autres, avaient entraîné la suspension - ensuite annulée par la justice - de Jean-Marie Le Pen du parti qu'il a cofondé et longtemps incarné, puis son exclusion.

Le 2 avril, au journaliste Jean-Jacques Bourdin qui lui demandait s'il regrettait d'avoir qualifié les chambres à gaz de "détail", ce qui lui a valu d'être déjà condamné, Jean-Marie Le Pen avait répondu: "Pas du tout. Ce que j'ai dit correspondait à ma pensée que les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire de la guerre, à moins d'admettre que ce soit la guerre qui soit un détail des chambres à gaz".

Le journaliste l'avait alors relancé, demandant si "des millions de morts" pouvaient être qualifiés de "point de détail". "C'est pas un million de morts, c'est les chambres à gaz", "moi je parle de choses précises. Je n'ai pas parlé de nombre de morts. J'ai parlé d'un système. J'ai dit que c'était un détail de l'histoire de la guerre", avait insisté l'ancien leader frontiste, 87 ans.

Ces propos intervenaient alors que sa fille s'est attelée à "dédiaboliser" le FN depuis son accession à la tête du parti en 2011. Ils avaient été vivement condamnés par la classe politique, y compris au sein du parti d'extrême droite. Le bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot, avait immédiatement dénoncé une "provocation parfaitement inutile".

- Plusieurs condamnations -

Jean-Marie Le Pen, poursuivi pour contestation de crime contre l'Humanité, "refuse de se présenter" devant les juges, a déclaré à l'AFP son avocat François Wagner. Il a adressé un courrier au parquet, expliquant qu'il observe "cette ligne de conduite dans toutes les affaires touchant à (sa) liberté d'expression" depuis 1956, date à laquelle il a pour la première fois été élu parlementaire.

Ce à quoi le parquet lui a rétorqué que "l'irresponsabilité qui procède de l'immunité ne s'applique que si le lien entre l'opinion exprimée et les fonctions de parlementaire est +direct+ et s'impose +avec évidence+".

Les propos pour lesquels Jean-Marie Le Pen est poursuivi ont été tenus alors qu'il était invité en tant que président d'honneur du Front national, "en dehors de (ses) fonctions représentatives européennes et en dehors de l'enceinte du parlement européen", lui a répondu le ministère public, dans une lettre consultée par l'AFP.

Et si le tribunal décidait d'aborder le fond du dossier mercredi, Me Wagner quitterait la salle d'audience, a-t-il annoncé à l'AFP, expliquant n'être mandaté que pour soulever l'immunité parlementaire de son client.

La première des nombreuses sorties de Jean-Marie Le Pen sur le sujet remonte au 13 septembre 1987, quand il avait déclaré: "Je n'ai pas spécialement étudié la question, mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale". Il avait réitéré ces propos en 1997 en Allemagne, en 2008 au magazine "Bretons", en mars 2009 au Parlement européen.

Pour ces propos, il a été condamné en 1991 à verser 1,2 million de francs (183.000 euros) à onze associations, et en 1997 à verser jusqu'à 750 euros, également à onze associations. Il a en outre été condamné à Munich en 1999.

Hasard du calendrier, c'est également mercredi que la justice doit se prononcer sur les poursuites pour atteinte à la vie privée engagées par Jean-Marie Le Pen contre un danseur qui avait posté sur Twitter une photo du cofondateur du parti d'extrême-droite en pleine sieste, bouche légèrement ouverte, dans un avion.