Le journaliste Yves Azeroual sera jugé une troisième fois dans une affaire de diffamation l'opposant à Gilbert Collard, qu'il avait accusé de mentir en se présentant comme "l'avocat des enfants d'Izieu" morts déportés, au procès de Klaus Barbie en 1987, selon une décision consultée mardi par l'AFP.
Saisie par le journaliste, la Cour de cassation a annulé sa condamnation à verser 1.000 euros de dommages et intérêts et 3.000 euros pour les frais de justice au député FN. Le troisième procès se tiendra devant la cour d'appel de Versailles.
Lors d'une émission sur Direct 8 le 27 septembre 2011, Yves Azeroual, auteur d'un livre critique sur le programme présidentiel de Marine Le Pen, avait lancé à M. Collard qu'il n'avait "jamais été l'avocat des enfants d'Izieu", 44 enfants juifs d'une colonie de vacances morts en 1944 après avoir été déportés sur ordre de Klaus Barbie.
Quelques jours plus tôt, une polémique avait éclaté après une réunion de sympathisants FN à Nice où M. Collard s'était présenté comme "l'avocat des enfants d'Izieu". Il avait notamment évoqué le sort du "petit André", suscitant de nombreuses réaction indignées.
Selon la directrice de l'association la Maison d'Izieu, aucun des 44 enfants ne se prénommait ainsi.
Gilbert Collard, qui avait néanmoins effectivement défendu la soeur de l'un des enfants déportés, avait été accusé de récupération.
En première instance, Yves Azeroual avait été relaxé, le tribunal estimant que la phrase poursuivie "n'a pu être comprise comme imputant à Gilbert Collard le fait de se présenter faussement comme l'un des avocats de l'une des parties civiles" au procès Barbie, mais "en réalité, comme lui contestant la légitimité de se présenter comme +l'avocat des enfants d'Izieu+ et d'en faire une exploitation politique", ce qui "relève d'une "opinion relevant de la liberté d'expression".
Gilbert Collard avait fait appel, et obtenu gain de cause en novembre 2014. Car pour la cour d'appel de Paris, les propos litigieux ont pu être interprétés par le téléspectateur moyen comme affirmant que Gilbert Collard "prétendait mensongèrement avoir participé au procès Barbie".
Mais dans son arrêt, la cour a, dans son analyse des propos litigieux, remplacé le terme "menaces" par celui de "bidonnage", ce qui vaut à cette décision d'être annulée par la plus haute juridiction.