Le vice-président kényan William Ruto a remporté vendredi son appel devant la Cour pénale internationale (CPI) sur l'utilisation par le procureur de dépositions de témoins recueillies avant leurs rétractions dans son procès pour crimes contre l'humanité.
"La chambre d'appel a décidé d'annuler la décision" autorisant le procureur à utiliser ces témoignages, a déclaré le juge Piotr Hofmanski.
"La chambre de première instance a interprété la règle de manière trop étroite, au détriment des accusés", a-t-il dit.
Confrontée à des témoins se rétractant ou modifiant leur déposition en faveur des accusés, la procureure avait demandé en avril l'autorisation d'utiliser des déclarations des témoins recueillies par son équipe avant que ceux-ci "ne succombent aux influences irrégulières".
Le procès de William Ruto et de son co-accusé, le présentateur de radio Joshua Arap Sang, a été marqué par des allégations de menaces et d'intimidations de témoins. Selon l'accusation, pas moins de 16 de ses 42 témoins ont cessé de coopérer.
La décision de la chambre d'appel représente une grande victoire pour les deux hommes, qui ont parallèlement demandé aux juges de clore le dossier, assurant que le dossier de l'accusation s'était "effondré".
William Ruto, premier haut dirigeant en fonction à être jugé par la CPI, est accusé d'avoir orchestré certaines des violences post-électorales ayant déchiré le Kenya fin 2007-début 2008 et fait plus de 1.200 morts et 600.000 déplacés.
Les deux hommes qui comparaissent libres nient toute responsabilité dans ces violences, les pires de l'histoire post-coloniale du Kenya.
Le procureur désirait également poursuivre le président kényan Uhuru Kenyatta mais avait du renoncer, faute de preuves suffisantes.
Les procédures ont également été marquées par une campagne internationale menée par le Kenya, et soutenue par l'Union africaine (UA), pour mettre un terme aux poursuites contre le président kényan et son vice-président.