Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a accusé lundi à Kiev la Russie de se comporter "comme une organisation terroriste" en Syrie et brandi la menace d'une "riposte" turque "extrêmement résolue".
"Si la Russie continue de se comporter comme une organisation terroriste forçant la population civile à fuir, nous lui opposerons une riposte extrêmement résolue", a-t-il lancé lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue ukrainien Arseni Iatseniouk, selon des propos traduits en ukrainien.
"La Russie et l'organisation de l'Etat islamique en Syrie sont coupables de nombreux crimes contre l'humanité. Et cette question doit être examinée dans le cadre du droit international", a-t-il poursuivi.
"La vraie intention de la Russie (en Syrie, ndlr) est de tuer le plus grand nombre de civils, de soutenir le régime syrien et de poursuivre la guerre", a encore accusé M. Davutoglu alors que l'aviation russe soutient depuis début février l'offensive du régime de Bachar al-Assad contre le bastion rebelle de Alep (nord), deuxième ville de Syrie.
Ces frappes ont entraîné la fuite de dizaines de milliers de personnes que la Turquie a installées dans des camps en Syrie de l'autre côté de la frontière turco-syrienne.
La semaine dernière, à l'issue d'intenses négociations à Munich (Allemagne), les Etats-Unis, la Russie et leurs principaux alliés, dont la Turquie, sont tombés d'accord sur "une cessation des hostilités dans tout le pays dans un délai d'une semaine", avait déclaré le chef de la diplomatie américaine John Kerry.
Ils ont également décidé un accès accru et "immédiat" de l'aide humanitaires aux civils qui fuient les combats, notamment l'offensive sur Alep.
Les accusations de M. Davutoglu interviennent quelques heures après la publication d'un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères où la diplomatie russe se dit "gravement préoccupée" par les bombardements menés par l'artillerie turque sur les positions kurdes en Syrie pour la troisième journée consécutive.
Depuis plusieurs mois, le gouvernement turc a mis en garde le Parti de l'union démocratique (PYD) kurde et son bras armé, les Unités de protection du peuple (YPG), contre toute velléité de s'installer durablement à l'ouest de l'Euphrate.
Ankara redoute que les Kurdes syriens qui contrôlent déjà une grande partie du nord de la Syrie n'étendent leur influence à la quasi-totalité de la zone frontalière.