Les Palestiniens ont salué l'initiative française visant à relancer l'effort de paix avec les Israéliens, mais persistent dans leur intention de faire adopter par l'ONU une résolution contre la colonisation.
"Nous saluons assurément l'initiative française, nous y voyons une possibilité majeure pour remettre en question le statu quo", a dit à des journalistes Hossam Zomlot, un conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas.
Les Palestiniens se réjouissent de la proposition d'une conférence internationale, qui est la reconnaissance selon eux que les négociations bilatérales sur lesquelles s'arc-boutent les Israéliens "ne marchent pas", a-t-il déclaré lors d'une visite dans un camp de bédouins dans les collines environnant Jérusalem-Est annexée et occupée. Ils saluent aussi le fait que la France reconnaîtra l'Etat de Palestine si cette initiative échoue, a-t-il dit.
Mais il a énoncé une série de réserves, dont le refus d'une nouvelle initiative "sans fin".
Les Palestiniens refusent aussi de renoncer à tenter de faire adopter par le Conseil de sécurité de l'ONU une résolution condamnant la colonisation, a-t-il expliqué. Ils persistent également selon lui dans leurs tentatives de faire juger les responsables israéliens par la Cour pénale internationale (CPI).
Il a réclamé que l'initiative française s'inspire des "dernières négociations internationales couronnées de succès": celles avec l'Iran sur ses activités nucléaires. Il a fait valoir que les négociations avec l'Iran étaient véritablement internationales, qu'elles fixaient des dates butoirs ainsi que des objectifs précis et que les sanctions en étaient un levier majeur.
Si ces éléments sont réunis avec l'initiative française, "nous pensons que la France peut écrire l'histoire", a-t-il souligné.
La proposition française vise à relancer un effort aujourd'hui paralysé pour résoudre un conflit vieux de plusieurs décennies et pour créer un Etat palestinien coexistant avec Israël. Elle prévoit la formation d'un groupe de soutien international et une conférence internationale à l'horizon de l'été.
En cas d'échec, la France reconnaîtra l'Etat palestinien, a prévenu l'ancien chef de la diplomatie française Laurent Fabius, à l'origine de l'initiative, avant de quitter son poste.
Les Israéliens ont multiplié les déclarations de défiance. Ils disent être prêts à la reprise des négociations, mais de manière bilatérale. Annoncer qu'on va reconnaître la Palestine si l'initiative française échoue dispense les Palestiniens de faire la moindre concession, disent-ils.
Hossam Zomlot a par ailleurs exprimé une vive frustration palestinienne envers la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, la chancelière allemande Angela Merkel et le Royaume-Uni à cause de déclarations et décisions récentes.
En déclarant, lors de la visite cette semaine du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Berlin, que la période n'était pas favorable aux grandes initiatives, Mme Merkel "dit quasiment à Netanyahu (...): dépêchez-vous, prenez autant (de terres) que vous voulez, jusqu'à ce qu'un nouvel horizon apparaisse", a-t-il affirmé.