L'opposition burundaise en exil, regroupée au sein du Cnared, a dénoncé mardi une "fausse ouverture" après l'annonce par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, en visite à Bujumbura, que le président Pierre Nkurunziza s'était engagé à ouvrir un "dialogue inclusif" avec l'opposition.
"C'est une fausse ouverture car ce président de facto dit au secrétaire général de l'ONU qu'il accepte le dialogue inclusif et tout de suite après, il veut choisir ses interlocuteurs en accusant certains de perturber la sécurité", a déclaré à l'AFP Léonard Nyangoma, président du Cnared, joint par téléphone.
"Il dit une chose et son contraire car le dialogue inclusif implique tous ceux qui sont concernés par la crise burundaise", a-t-il insisté.
M. Ban, venu au Burundi pour tenter de trouver une issue à la grave crise politique qui frappe ce pays depuis près de 10 mois, avait fait cette annonce après un entretien avec le président burundais.
Le président Nkurunziza avait assuré plus tôt mardi que "ce dialogue concerne tous les Burundais à l'exception de ceux qui sont engagés dans des actes de déstabilisation", ce qu'il soutient depuis des mois.
Il s'était ainsi référé à une résolution des Nations unies, adoptée en novembre 2015, qui appelait le gouvernement à dialoguer avec tous les interlocuteurs "pacifiques", à l'intérieur ou à l'étranger.
"C'est clair, Nkurunziza ne veut pas de véritables négociations pour ramener la paix au Burundi, et c'est pour cela que nous appelons la communauté internationale à prendre des mesures appropriées pour l'y contraindre", a lancé le président du Cnared.
Il a demandé à la communauté internationale de "décréter un embargo sur les armes et les munitions (et) le retrait des contingents burundais des missions de paix en Somalie et en Centrafrique, car c'est cet argent que Nkurunziza utilise aujourd'hui pour réprimer son peuple".
Il a aussi réclamé "que la procureure près la Cour pénale internationale démarre les enquêtes sur les nombreux crimes contre l'humanité commis par le pouvoir Nkurunziza et que les coupables soient poursuivis".
Le pays est plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature fin avril 2015 du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat et sa réélection en juillet.
Les violences ont déjà fait plus de 400 morts et poussé plus de 240.000 personnes à quitter le pays, parmi lesquels de nombreux opposants, militants associatifs et journalistes, selon l'ONU.
Fondé en août 2015, le Conseil national pour le respect de l'accord d'Arusha et de l'Etat de droit au Burundi (Cnared) est la principale plateforme d'opposition au Burundi, intérieure et en exil, qui regroupe tous les partis politiques opposés au troisième mandat du président Nkurunziza à l'exception des Forces nationales de libération (FNL) d'Agathon Rwasa.