La signature en mai et juin d'un accord de paix au Mali est une évolution positive pour le pays, qui doit cependant encore relever "de nombreux défis" en matière de respect des droits de l'Homme, a estimé un expert de l'ONU au terme d'une nouvelle visite sur place.
"L'accord pour la paix et la réconciliation, et la prolongation du mandat de la Minusma (Mission de l'ONU au Mali, jusqu'au 30 juin 2016, NDLR) sont autant de signes encourageants" pour la stabilité du pays, a déclaré Suliman Baldo, expert indépendant sur la situation des droits de l'Homme au Mali, dans un communiqué reçu mardi par l'AFP.
Selon ce texte diffusé par la Minusma, M. Baldo a bouclé lundi une visite de dix jours dans le pays, sa cinquième depuis sa prise de fonction en août 2013.
"J'appelle les diverses parties à saisir cette opportunité pour établir une paix durable, dans le respect des droits de chacun", a-t-il dit, estimant qu'en dépit des "évolutions positives" notées, "de nombreux défis demeurent pour obtenir le plein respect des droits de l'Homme".
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.
Les groupes jihadistes y ont été dispersés et en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale qui se poursuit.
Mais ils demeurent actifs dans le Nord. Des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature de l'accord de paix, en mai pour le gouvernement et les groupes armés qui le soutiennent, rassemblés au sein de la Plateforme, et en juin par l'ex-rébellion à dominante touareg, formant la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA).
Parmi les défis à surmonter, M. Baldo a cité "les récentes violations de l'accord de paix et de cessez-le-feu par les mouvements politico-militaires signataires de l'accord", "les attaques terroristes (...) en hausse dans le Nord et s'étendant progressivement vers le centre et le sud du pays", "le trafic international de drogue, les crimes économiques transnationaux et les réseaux de trafic locaux".
L'expert de l'ONU a estimé que le Mali a fait des efforts "pour améliorer la protection des droits fondamentaux de ses citoyens mais a regretté "la lenteur de procédures mises en place pour traiter des crimes de guerre, violations et abus des droits de l'Homme perpétrés dans le nord du pays depuis 2012 et dans le contexte de la lutte contre le terrorisme international".
Suliman Baldo, qui a rencontré plusieurs autorités maliennes, des responsables de la société civile et de groupes armés signataires de l'accord de paix, doit présenter les résultats de sa mission au Conseil des droits de l'Homme en mars 2016, d'après le communiqué.
Sa visite s'achève quelques jours après la nomination, la semaine dernière, de 14 membres de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), ayant pour mission d'enquêter sur les violences commises dans le nord du Mali durant cinq décennies.
La CVJR, créée en 2014 pour trois ans, est présidée depuis août par l'ex-ministre Ousmane Oumarou Sidibé.
Ses nouveaux membres, désignés le 14 octobre en Conseil des ministres, comprennent quatre femmes dont Mme Nina Oualet Intallou, une responsable de la CMA nommée 1ère vice-présidente et une des deux représentants de son mouvement. La Plateforme y compte aussi deux représentants, a indiqué à l'AFP M. Sidibé, selon lequel leur "rôle (à tous) est de panser les plaies, de réconcilier les Maliens".