La naturalisation ivoirienne de l'ex-président burkinabè Blaise Compaoré, en exil en Côte d'Ivoire depuis sa chute en 2014, donne une "image triste" du pays, a estimé l'opposant Pascal Affi N'Guessan mercredi.
"Ce n'est pas bien et ça donne une image triste du système politique de la Côte d'Ivoire", a déclaré M. Affi N'Guessan lors d'une conférence de presse au siège de son parti, le Front Populaire Ivoirien (FPI), fondé par l'ancien président Laurent Gbagbo, actuellement jugé par la Cour pénale internationale à La Haye.
"Au plan juridique, je ne vois pas comment le changement de nationalité peut protéger quelqu'un qui est accusé de crimes. Tous ceux qu'on entraîne à la CPI où devant les tribunaux, ils ont une nationalité. Au moment où il (Compaoré) commettait les faits pour lesquels il est accusé, il n'était pas Ivoirien", a-t-il estimé.
Blaise Compaoré "devrait donc avoir le sens de l'honneur et aller (au Burkina) pour faire rétablir la vérité", selon M. Affi N'Guessan, estimant "honteux" que l'ex-président veuille se soustraire à la justice.
"Nous, au FPI, on sait que le président Blaise Compaoré ne peut pas échapper à la justice de son pays (...) Il faut qu'il clarifie cette page de son histoire car les Burkinabé en ont besoin", a-t-il conclu.
Blaise Compaoré et son frère cadet François Compaoré ont été naturalisés ivoiriens par un décret signé par le président ivoirien Alassane Ouattara, daté du 17 novembre 2014 mais publié au journal officiel en janvier 2016.
M. Compaoré, inculpé par la justice burkinabè d'attentat contre la sûreté de l'Etat, complicité d'assassinat et complicité de recel de cadavre, est visé depuis décembre 2015 par un mandat d'arrêt international pour son implication présumée dans la mort de l'ancien chef d'Etat Thomas Sankara, en 1987.
La naturalisation de Blaise Compaoré devrait mettre un terme au problème de son éventuelle extradition vers le Burkina, la loi ivoirienne prévoyant que la Côte d'Ivoire n'extrade pas ses ressortissants.