La Mauritanie a institué une Journée nationale de lutte contre l'esclavage qui sera célébrée chaque année le 6 mars pour contribuer à éradiquer ce phénomène qui perdure dans le pays en dépit de son abolition depuis plus de 30 ans, a annoncé vendredi l'Agence mauritanienne d'information AMI.
Le conseil des ministres réuni jeudi a adopté un "projet de décret instituant une Journée nationale de lutte contre les pratiques esclavagistes", indique le gouvernement dans un communiqué publié par l'AMI.
Un haut fonctionnaire familier de ces questions a affirmé à l'AFP que "cette journée sera commémorée tous les 6 mars", date à laquelle la Mauritanie a adopté en 2014 une "feuille de route pour l'éradication de l'esclavage, élaborée avec l'appui de l'ONU.
"En principe, cette journée sera observée pour la première fois dimanche prochain", a ajouté ce haut fonctionnaire, sans plus de détails.
En annonçant l'adoption de la feuille de route pour l'éradication de l'esclavage, le gouvernement mauritanien avait expliqué que ce plan avait été élaboré sur la base de "recommandations" de la rapporteuse spéciale de l'ONU sur les formes contemporaines d'esclavage, Gulnara Shahinian.
Il "porte sur la mise en oeuvre de 29 recommandations touchant à des domaines juridiques, économiques et sociaux en vue d'élargir la lutte et la sensibilisation autour de l'éradication des séquelles de l'esclavage", avait-il expliqué.
En 2015, la Mauritanie avait adopté une nouvelle loi faisant de l'esclavage un "crime contre l'humanité", réprimé par des peines allant jusqu'à à 20 ans de prison ferme, contre cinq à dix ans auparavant.
Fin 2015, elle a annoncé la création de trois cours criminelles spécialisées en matière de lutte contre l'esclavage, qui siègeront à Nouakchott, Néma (sud-est) et Nouadhibou (extrême nord-ouest), chacune ayant compétence pour les régions voisines.
Officiellement, l'esclavage a été aboli en 1981 dans ce pays de 3,8 millions d'habitants d'origine arabo-berbère - les Maures - et d'Afrique subsaharienne - les Négro-Africains.
Mais le phénomène persiste, selon des ONG, notamment sous la forme de cession gratuite par les descendants d'esclaves d'une partie de leur récolte à leurs maîtres traditionnels.