Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a affirmé vendredi en Mauritanie qu'il était important pour ce pays de "faire avancer la situation au Sahara occidental", territoire contrôlé par le Maroc mais revendiqué par les indépendantistes du Front Polisario.
M. Ban, en tournée en Afrique de l'Ouest et du Nord, est arrivé jeudi soir à Nouakchott où il s'est entretenu vendredi avec le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.
"Je me trouve actuellement dans la région pour m'entretenir de la situation au Sahara occidental", jouxtant le nord-ouest de la Mauritanie, a déclaré le chef de l'ONU à la presse après sa rencontre avec M. Aziz, annonçant qu'il se rendra samedi auprès de réfugiés sahraouis à la Minurso, la Mission de l'ONU au Sahara occidental.
"Faire avancer la situation au Sahara occidental est important ici aussi. Nombre de réfugiés partagent une même culture et des liens familiaux avec les Mauritaniens", a-t-il ajouté.
Selon lui, "la position mauritanienne de +neutralité positive+" sur ce dossier "est bien comprise par tous". "C'est là une manière constructive d'aborder ce différend épineux, qui empêche la région de tirer pleinement parti du potentiel de son peuple", a-t-il estimé, en remerciant la Mauritanie pour son "concours" apporté à son envoyé personnel pour le Sahara occidental, Christopher Ross.
Les Nations unies tentent sans succès depuis 1992 d'organiser un référendum d'autodétermination du Sahara occidental, vaste territoire peuplé d'un demi-million d'habitants.
Ex-colonie espagnole, il est contrôlé par le Maroc, qui propose une large autonomie sous sa souveraineté, tandis que le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, réclame un référendum d'autodétermination. Les efforts de médiation de l'ONU sont dans l'impasse depuis plusieurs années.
"J'entends apporter ma pierre aux négociations engagées pour régler ce différend de longue date et favoriser les pourparlers afin que les réfugiés sahraouis puissent rentrer chez eux au Sahara occidental dans la dignité", a encore déclaré Ban Ki-moon.
Selon son programme, il doit se rendre samedi à Tindouf, dans l'ouest de l'Algérie, où il visitera des camps de réfugiés sahraouis et des locaux de la Minurso, puis dimanche à Alger.
Ban Ki-moon a aussi évoqué avec le président mauritanien des "préoccupations communes" pour la sécurité au Sahel.
"Nous avons convenu que les pays du Sahel ne devaient pas seulement remédier à l'insécurité mais également s'attaquer aux causes profondes de l'instabilité", a affirmé M. Ban, citant notamment la pauvreté, le chômage et les discriminations.
Le secrétaire général de l'ONU a en outre salué les efforts faits "pour mettre fin à l'esclavage" et "en particulier la nouvelle loi votée récemment pour réprimer cette pratique".
"La Mauritanie doit veiller de toute urgence à ce qu'elle (la loi) soit appliquée effectivement et pleinement. Cette pratique abominable n'a pas sa place au XXIe siècle", a-t-il dit.
En 2015, la Mauritanie a voté une nouvelle loi faisant de l'esclavage un "crime contre l'humanité", réprimé par des peines allant jusqu'à à 20 ans de prison ferme, contre 5 à 10 ans auparavant. Officiellement, l'esclavage a été aboli en 1981 mais le phénomène persiste, selon des ONG.
Profitant de la visite de Ban Ki-moon, quelques dizaines de militants d'un mouvement anti-esclavagiste, "El-Hour" (L'Homme libre), ont tenu un sit-in sans incident devant le siège d'une agence de l'ONU à Nouakchott, a constaté un journaliste de l'AFP.
Ce mouvement, qui existe depuis 1978 et défend les droits des "Haratines" (descendants d'esclaves), entendait ainsi attirer l'attention de M. Ban sur les problèmes de cette communauté, d'après certains manifestants, qui ont réclamé du gouvernement une "discrimination positive" et des mesures concrètes pour mettre fin à leurs souffrances.