Quelques dizaines de sympathisants et d'anciens collaborateurs de Slobodan Mlosevic se sont recueillis vendredi sur la tombe de l'ex-homme fort de l'ancienne Yougoslavie pour le dixième anniversaire de sa mort à La Haye, où il était jugé pour sa responsabilité dans les guerres des années 1990.
Bravant une pluie battante, dès le matin, des petits groupes de personnes, pour la plupart âgées, défilaient devant sa dernière demeure située dans le jardin de sa maison familiale à Pozarevac, à 70 km au sud-est de Belgrade, pour y déposer des gerbes de fleurs.
Certains caressaient le buste à l'image de l'ancien président serbe frappée de l'inscription "Slobodan Milosevic assassiné au camp de La Haye", d'autres se signaient ou observaient un moment de silence avant de s'éloigner par une étroite allée traversant un jardin boisé.
Slobodan Milosevic est mort le 11 mars 2006 à l'âge de 64 ans dans sa cellule du centre de détention du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) où son procès pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide était en cours.
Milan Stojanovic, 86 ans, marche à grand peine et à l'aide d'une canne, mais armé d'une détermination sans faille.
"Je suis venu du Kosovo, de la région de Vucitrn, pour présenter mes respects, je me devais de le faire. Sans lui, les Serbes n'auraient plus rien, il a au moins sauvé ce que nous avons aujourd'hui", raconte ce vieillard aux yeux bleu acier, pendant que la pluie ruisselle sur son visage ridé.
Aucun représentant du pouvoir serbe actuel n'était présent vendredi à Pozarevac à l'exception du ministre du Travail et des questions sociales Aleksandar Vulin, ancien proche collaborateur de la veuve de Slobodan Milosevic, Mirjana Markovic.
Le ministre serbe des Affaires étrangères Ivica Dacic, président du Parti socialiste fondé par Slobodan Milosevic, a salué "une des personnalités politiques les plus emblématiques de la fin du XXe siècle", dans un éditorial publié par le quotidien Vecernje Novosti. Il ne s'est toutefois pas rendu à Pozarevac.
- Comportement "héroïque" -
En revanche, de nombreux anciens collaborateurs et alliés de Slobodan Milosevic étaient présents. Parmi eux, Zivadin Jovanovic, ex-ministre yougoslave des Affaires étrangères, et Nikola Sainovic, ancien Premier ministre serbe condamné par le TPIY pour crimes de guerre et libéré en avril 2015 après avoir purgé les deux tiers de sa peine.
L'ultranationaliste Vojislav Seselj, qui fut un allié politique de Slobodan Milosevic, avec lequel il fut d'ailleurs détenu à La Haye, s'est brièvement recueilli sur sa tombe.
"L'histoire retiendra le rôle et le comportement héroïque de Slobodan Milosevic devant le tribunal de La Haye où il a détruit toutes les accusations qui pesaient sur lui", a déclaré M. Seselj.
"Personne ne peut être heureux du fait que son procès se soit terminé de cette manière sans que sa responsabilité personnelle n'ait été établie par un verdict", a pour sa part déclaré à l'AFP Serge Brammertz, procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie.
Vojislav Seselj, lui-même jugé par le TPIY pour crimes de guerre en Croatie et en Bosnie, et remis en liberté provisoire en 2014 pour des raisons de santé, refuse désormais de se présenter devant le tribunal pour la lecture du verdict à l'issue de son procès prévue pour le 31 mars.
Après le décès de Slobodan Milosevic, les autorités pro-européennes au pouvoir à l'époque à Belgrade ont rejeté l'éventualité de lui organiser des funérailles d'Etat.
Son inhumation dans le jardin de sa maison familiale a été le fruit d'un compromis entre le gouvernement et ses sympathisants.
Mais le domicile des Milosevic, qui à l'époque était habité par sa belle-fille Milica Gajic et son petit-fils Marko, est aujourd'hui désert.
Sa veuve, Mira Markovic, avait quitté en 2003 la Serbie où elle était inculpée d'abus de pouvoir, son fils Marko s'est exilé, très probablement en Russie, et sa fille Marija vit au Monténégro.
Aucun d'entre eux n'avait assisté aux funérailles et aucun d'entre eux n'était présent vendredi.