La ministre française des droits des femmes Laurence Rossignol a dénoncé mercredi à l'ONU le "féminicide" imposé notamment aux femmes yézidies persécutées par les jihadistes en Irak, souhaitant que ce terme puisse être intégré dans le vocabulaire du droit international.
"En ce qui concerne le sort des femmes yézidies, nous devons dire que ce qu'elles vivent, c'est un féminicide", a affirmé Mme Rossignol. "C'est parce qu'elles sont des femmes et parce qu'elles sont Yézidies qu'elles sont vendues et assassinées" par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), "c'est important de le dire parce que le mot génocide appartient au vocabulaire international, mais le mot féminicide ne relève pas encore du vocabulaire de la diplomatie".
"La coalition internationale qui intervient (en Irak et en Syrie) doit dire qu'elle n'est pas seulement en guerre contre le terrorisme de l'Etat islamique, mais qu'elle est aussi là pour libérer les femmes yézidies du féminicide qui leur est infligé", a-t-elle ajouté.
Mme Rossignol s'exprimait devant la 60e session annuelle de la Commission de la condition de la femme des Nations unies.
Le "féminicide" s'applique à "la persécution de femmes parce qu'elle sont femmes (..) c'est une volonté d'effacement d'un groupe", a expliqué la ministre à l'AFP.
Mme Rossignol plaide pour que ce terme, qui est utilisé par les ONG de défense des droits des femmes, devienne "le fondement de poursuites devant les juridictions internationales" et "puisse être intégré un jour au vocabulaire de la Cour pénale internationale" (CPI).
La CPI est habilitée à juger les crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocides.
En mars 2015, un rapport de l'ONU avait souligné que les attaques en Irak des jihadistes contre la minorité yézidie "pourraient constituer un génocide".
C'est la première fois, a souligné la ministre, que ce concept de féminicide était employé par le représentant d'un gouvernement dans une enceinte onusienne comme la Commission de la condition de la femme.
Ce concept peut aussi s'appliquer aux enlèvements de jeunes filles nigérianes par les islamistes de Boko Haram.
Mme Rossignol a aussi plaidé devant la commission de l'ONU pour une "dépénalisation totale de l'avortement sur la planète" et un large accès à la contraception, en s'appuyant en particulier sur l'utilisation de plus en plus fréquente du viol comme arme de guerre dans les conflits.