La France a remis jeudi à l'Afrique du Sud, sous une forme restaurée et numérisée, les précieux enregistrements sonores du procès historique de Rivonia, moment clé dans la lutte contre l'apartheid où Nelson Mandela et plusieurs responsables du Congrès national africain (ANC) avaient été condamnés.
Les auditions de ce procès retentissant, qui s'était tenu à Pretoria entre 1963 et 1964, existaient sous un format d'enregistrement audio particulier, "Dictabelts", vieux supports d'enregistrement de forme cylindrique en vinyle souple.
A la suite d'un accord entre la France et l'Afrique du Sud, l'ensemble des 591 Dictabelts du procès, représentant 230 heures d'enregistrement, ont été numérisés par l'Institut national français de l'audiovisuel (INA), chargé notamment d'archiver les productions audiovisuelles.
La remise des enregistrements numérisés a eu lieu symboliquement jeudi dans l'imposante salle de la Cour suprême de Pretoria, où s'était tenu le procès de Rivonia, et en présence de trois condamnés encore en vie, Denis Goldberg, Ahmed Kathrada et Andrew Mlangeni.
Ces enregistrements permettent de "garder l'Histoire vivante", a salué Denis Goldberg, 82 ans, condamné à la prison à vie en 1964.
"Ce procès en particulier a transformé la façon dont le monde voyait l'Afrique du Sud: les pays qui soutenaient l'Afrique du Sud ont continué à le faire mais les gens dans le monde ont dit: +Non, c'est injuste, l'apartheid est un crime contre l'humanité+".
Ces enregistrements "représentent un moment fondateur de l'histoire de ce pays mais, au-delà, un moment fondateur de la lutte des droits de l'Homme dans le monde", a souligné pour sa part le président de l'INA, Laurent Vallet.
Au terme du procès, Nelson Mandela avait été condamné à la prison à vie et avait purgé 27 ans de détention. Il avait été libéré en 1990, quatre ans avant de devenir le premier président noir sud-africain, mettant officiellement fin au régime d'apartheid.
Grâce à ces "enregistrements numérisés du procès de Rivonia, nous pourrons raconter aux générations présentes et futures toute cette période si difficile de notre histoire, la mettre en sons, en mots et en silences, dans toute sa gloire, son horreur et, finalement, son triomphe", a déclaré le ministre sud-africain des Arts et de la Culture, Nathi Mthethwa.
La numérisation des enregistrements du procès de Rivonia, inscrits au registre "mémoire du monde" de l'Unesco, était devenue nécessaire en raison de la détérioration des supports et de l'impossibilité d'utiliser leur contenu.