Visages en larmes, regards perdus, la désolation était visible parmi les partisans de l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, reconnu coupable lundi par la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes commis en Centrafrique en 2002-2003.
M. Bemba a été reconnu coupable de crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour les viols et meurtres commis par sa milice.
"C'est une décision qui nous rend très tristes, mais c'est une décision de justice. Nous l'acceptons comme telle", a déclaré à la presse à Kinshasa Jacques Djoli, sénateur du Mouvement de libération du Congo (MLC), le parti de M. Bemba. Le MLC est la deuxième force d'opposition à l'Assemblée nationale et est très influent dans la région de Kinshasa.
"Nous avons espéré beaucoup aujourd'hui, la justice a répondu autrement. Nous croyons que la vérité judiciaire rejoindra la vérité des faits pour que Jean-Pierre Bemba retrouve un jour sa liberté", a-t-il ajouté avant d'annoncer la nouvelle aux militants.
"On reste serein, il a déjà fait huit ans" de détention à la CPI, a ajouté ce professeur de droit, en allusion à l'arrestation en 2008 de M. Bemba.
Une centaine de militants du MLC s'étaient rassemblés au siège du parti pour suivre la retransmission sélective de l'audience sur une chaîne de télévision de M. Bemba, en chantant des slogans à la gloire de leur dirigeant.
La décision de la CPI, "est déplorable, nous espérions (sa) libération", a dit Vertu Mogogo, un jeune étudiant, avant de se fondre en larmes.
"C'est une déception totale", a ajouté Bénie Yanzapa, alors que d'autres femmes autour d'elle ne pouvaient retenir leur larmes.
Dady Lubela, 32 ans, a affirmé "douter de la crédibilité de la CPI" qui selon lui, "s'acharne contre les Africains, particulièrement les Congolais".
"Nous avons besoin de lui pour qu'il soit candidat à l'élection de 2016 et qu'il soit élu président" de la RDC, a-t-il lancé.
La sentence sera prononcée à une date ultérieure par la CPI. Il risque jusqu'à 30 ans de détention ou la prison à perpétuité, si les juges estiment que l'"extrême gravité du crime" le justifie.