Les juges de la Cour pénale internationale ont décidé mercredi que les preuves rassemblées par le procureur contre l'ancien chef de guerre ougandais Dominic Ongwen, de la sanguinaire rébellion de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), étaient suffisantes pour ouvrir un procès.
Les juges ont "rendu une décision confirmant 70 accusations portées à l'encontre de Dominic Ongwen par le procureur de la CPI et renvoyant M. Ongwen en procès devant une chambre de première instance", a indiqué la CPI dans un communiqué.
Les juges "ont conclu qu'il y a des motifs substantiels de croire que Dominic Ongwen est responsable", en tant qu'auteur et en tant que commandant, de meurtres, viols, esclavage sexuels, torture, pillages, conscription d'enfants soldats, notamment.
Surnommé la "Fourmi Blanche", Dominic Ongwen était un des commandants les plus redoutés de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) menée par Joseph Kony, rendu mondialement célèbre par la campagne "Kony 2012".
Selon l'ONU, la LRA a tué plus de 100.000 personnes et enlevé plus de 60.000 enfants d'abord dans le nord de l'Ouganda, puis au gré de son exil dans les pays voisins.
M. Ongwen, ex-enfant soldat, était le "fer de lance" de la LRA, selon l'accusation.
Les charges confirmées concernent des crimes qui auraient été commis lors d'attaques contre quatre camps de déplacés, des crimes sexuels "ainsi que des crimes de conscription d'enfants de moins de 15 ans et leur utilisation dans des hostilités qui auraient été commises dans le nord de l'Ouganda entre le 1er juillet 2002 et le 31 décembre 2005", selon la CPI.
La Chambre a rendu sa décision sur la base des éléments de preuve présentés par l'accusation et la défense, dont des "témoignages ou transcriptions d'entretiens avec un total de 123 témoins, des enregistrements de communications radio et des témoignages oraux de sept témoins", a précisé la Cour.
Créée en 1987 avec l'objectif de renverser le président ougandais Yoweri Museveni pour le remplacer par un régime fondé sur les Dix commandements, la LRA s'est forgé une effroyable réputation au fil de ses exactions en Ouganda, au sud du Soudan, dans le nord-est de la République démocratique du Congo et en Centrafrique.
De nombreuses victimes ont eu les lèvres, le nez et les oreilles coupées.
Prophète auto-proclamé, Joseph Kony a mélangé mystique religieuse, techniques éprouvées de guérilla et brutalité sanguinaire. En dépit de sa jeunesse, Dominic Ongwen a très vite été repéré pour sa loyauté dans le crime, son courage au combat et ses qualités de tacticien.
"La décision de confirmation des charges peut faire l'objet d'un appel uniquement avec l'autorisation de la Chambre préliminaire", a ajouté la CPI.