Le Parquet colombien a requis mardi l'inculpation de chefs de la guérilla de l'ELN pour crimes de guerre pour des attaques contre des oléoducs ayant causé plus de 40 milliards de dollars de pertes en fuites de pétrole et pollution.
Les audiences contre les membres du Commandement central (COCE) de l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste) sont prévues le 8 juin prochain au tribunal de Bogota, a précisé une source du Parquet à l'AFP.
"Pour la première fois dans notre pays, le commandement d'un groupe armé illégal va être inculpé pour des actes relevant de la compétence de la Cour pénale internationale, considérés comme crimes de guerre par le traité de Rome", a précisé le Parquet dans un communiqué.
Le Parquet requiert l'"inculpation et des mesures de détention" contre le chef suprême de cette guérilla inspirée de la révolution cubaine et d'Ernesto Che Guevara, Nicolas Rodriguez Bautista, alias "Gabino", ainsi que les membres du COCE Eliecer Herlinton Chamorro Acosta alias "Antonio Garcia", Israel Ramirez Pineda alias "Pablo Beltran", Rafael Sierra Granados alias "Ramiro Vargas" et Gustavo Anibal Giraldo Quinchia alias "Carlos Marin Guarin" ou "Pablito".
"Les faits pour lesquels l'inculpation est requise sont liés aux attaques commises par le COCE de l'ELN contre l'infrastructure pétrolière du pays", selon la même source.
Le Parquet évalue les pertes à plus de 65 milliards de pesos (environ 21,2 milliards de dollars) en raison des fuites de pétrole consécutives aux attaques contre les oléoducs et à plus de 73 milliards de pesos (environ 23,8 milliards de dollars) pour les dégâts causés à l'environnement au cours des dix dernières années.
L'oléoduc le plus visé par ces attaques de la guérilla est celui de Limon-Coveñas, qui va du nord-est au nord-ouest de la Colombie, a précisé le Parquet.
Les chefs d'inculpation incluent actes de terrorisme, utilisation illicite de méthodes de guerre, destruction de l'environnement et homicide.
L'ELN, issue en 1964 d'une insurrection paysanne et qui compte encore environ 1.500 combattants selon les autorités, a entamé en janvier 2014 un dialogue exploratoire à des pourparlers de paix avec le gouvernement, en parallèle aux négociations menées depuis novembre 2012 avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), première guérilla du pays avec environ 7.000 combattants.