Lumière allumée en permanence, isolement, aucun droit de promenade: l'ancienne porte-parole du TPIY Florence Hartmann, libérée mardi après cinq jours de prison à La Haye, a évoqué des conditions de détention "extrêmement strictes", dans un entretien mercredi à l'AFP.
La Française a aussi accusé deux juges d'avoir cédé à une "vengeance personnelle" et évalue ses recours: "on va saisir des commissions internationales et les justices nationales".
Ex-porte-parole du procureur de ce tribunal onusien et ancienne reporter au quotidien Le Monde, Florence Hartmann avait été arrêtée jeudi dernier en marge de la condamnation de Radovan Karadzic à 40 ans de prison pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre pendant la guerre de Bosnie (1992-95).
"J'étais venue assister à ce qui, pour moi, était un jour historique", explique-t-elle à quelques mètres de la pelouse où elle avait été arrêtée jeudi, de façon "brutale".
"J'ai été traitée de manière plus stricte que des personnes qui sont soit déjà condamnées pour crimes contre l'humanité et génocide, soit en cours de procès", assure-t-elle, évoquant des conditions de détention "très difficiles".
"J'étais en isolement complet, j'étais interdite de promenade, j'étais en surveillance nocturne, 24 heures sur 24, toutes les 15 minutes, puis 30 minutes, et j'étais obligée de dormir la lumière allumée", assure-t-elle.
Florence Hartmann avait en fait été condamnée en 2011 pour outrage par la Cour à 7.000 euros d'amende, convertis ensuite en sept jours de détention, après avoir évoqué dans un livre deux décisions confidentielles du TPIY qui auraient permis, selon elle, de prouver l'implication de l'Etat serbe dans le génocide de Srebrenica, qui a coûté la vie à près de 8.000 hommes et garçons bosniaques en 1995.
"J'ai dit : le problème a été commis par tel et tel juge, et ce sont ces deux juges qui ont voulu se venger", en la faisant arrêter, clame-t-elle. La Française insiste qu'elle était en territoire néerlandais lors de son arrestation, mais selon le TPIY la pelouse face au tribunal est sous juridiction de l'ONU.
Le TPIY affirme aussi l'avoir arrêté "purement sur la base de son mandat d'arrêt", selon son porte-parole Nenad Golcevski.
"Elle (Florence Hartmann) avait été jugée coupable d'outrage", a-t-il dit à l'AFP, affirmant que la Française avait été placée à l'écart des autres détenus simplement car elle était la seule femme en détention.