Vojislav Seselj, un démagogue qui a alimenté le nationalisme serbe

2 min 48Temps de lecture approximatif

Le dirigeant ultranationaliste serbe, Vojislav Seselj, contre lequel le TPIY rendra son jugement jeudi en son absence, est un démagogue connu pour sa violence verbale qui a alimenté le nationalisme serbe pendant les conflits des années 1990 en ex-Yougoslavie.

Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) prononcera son verdict huit ans après la début du procès de M. Seselj, 61 ans, qui répondait de neuf chefs d'accusation liés à des assassinats, des tortures et des expulsions de non-Serbes en Bosnie et en Croatie.

Il ne sera pas à La Haye pour entendre son verdict, les juges du TPIY ayant accepté son absence pour "raisons de santé".

"Je ne suivrai pas la lecture du verdict, cela ne m'interesse pas", a-t-il déclaré en début de semaine à ce propos.

Cet homme très corpulent et haut de taille s'était rendu volontairement au TPIY en février 2003 et y a été emprisonné pour une période record, pendant laquelle il a notamment été opéré d'un cancer du colon, avant d'être libéré le 7 nombre 2014 pour des raisons de santé.

Dès son retour en Serbie, il a renoué avec la rhétorique nationaliste en prônant tout comme durant les conflits dans l'ex-Yougoslavie la création d'une "Grande Serbie" incluant de vastes territoires de pays voisins.

"Nous ne pouvons pas renoncer à la 'Grande Serbie' car notre parti (ndlr: le Parti radical) perdrait alors sa raison d'être", avait-t-il dit à l'époque.

N'ayant rien perdu de son sens de la provocation, Seselj a ainsi, depuis son retour, incendié en public à plusieurs reprises, tour à tour, les drapeaux de l'Otan, de l'UE, du Kosovo et de la Croatie.

M. Seselj, qui affirme se sentir "très bien" malgré sa maladie, est actuellement en campagne pour son parti (SRS), dont il est tête de liste, à l'approche des élections législatives anticipées convoquées pour le 24 avril.

"Les citoyens choisiront entre l'UE où se trouvent tous nos ennemis traditionnels et la Russie", a martelé M. Seselj qui a fait une priorité de son intention de chasser du pouvoir ses anciens proches alliés, les président et Premier ministre serbes Tomislav Nikolic et Aleksandar Vucic, les qualifiant régulièrement de "renégats" et de "traîtres".

En février, il a affiché son soutien au candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump, "convaincu (...) que tous les gens honorables vivant en Amérique ainsi que tous les Serbes vont voter pour lui".

- Procès entaché d'obstructions et d'ajournements -

Son procès a été marquée par de fréquentes obstructions et de nombreux ajournements. Connu pour une violence verbale sans pareil, Seselj a affirmé sentir une odeur de gaz dans le tribunal lorsqu'un juge allemand est entré dans la salle et a accusé sans hésitation le TPIY d'exercer des "rites sataniques".

Ce genre de déclarations caractérisaient Seselj bien avant son arrivée à La Haye et ses excès verbaux, qui à l'occasion tournaient au règlement compte physique, ravissent ses sympathisants dont la plupart appartiennent aux couches les plus défavorisées de la population.

Né le 11 octobre 1954 à Sarajevo, il a étudié le droit et enseigné la sociologie dans les années 80 avant de commencer une carrière politique.

Orateur talentueux, sa rhétorique populiste lui a obtenu le soutien des anti-communistes d'autant que ses idées, qualifiées sous Tito d'"anarcho-libérales et nationalistes", lui valurent à l'époque communiste plusieurs années de prison.

En 199O, alors que le communisme s'effondre en Europe, il crée le SRS qu'il dote d'une milice chargée de défendre la cause du nationalisme serbe en Bosnie et Croatie.

Fidèle à son image de maitre provocateur, il n'hésite pas à menacer les ennemis des Serbes de les "égorger à l'aide d'une cuillère rouillée".

"Nous ne sommes pas entrés en guerre contre les Croates, les Musulmans ou les Albanais, mais contre leurs maîtres: l'Allemagne, le Vatican, les Etats-Unis et l'Otan", avait-il affirmé.

Ses relations avec Slobodan Milosevic ont souvent été en dents de scie, le défunt homme fort de l'ex-Yougoslavie le qualifiant tantôt d'"opposant préféré" et tantôt de "primitif, personnifiant la violence".

Deux fois candidat malheureux à la présidentielle, Seselj devient en 1998 vice-Premier ministre sous le régime de Milosevic dont il restera l'allié jusqu'à sa chute en octobre 2000.

Il a été marié à deux reprises et a quatre fils.