Au moins 30 personnes ont été tuées dans le bombardement américain de l'hôpital de Médecins sans Frontières (MSF) à Kunduz en Afghanistan au début du mois, selon un nouveau bilan de l'ONG dimanche, alors que l'Otan a pour la première fois admis que le raid avait tué des civils.
Le bombardement du 3 octobre a fait "30 morts, dont dix patients, 13 employés et sept personnes dont les corps ne sont pas identifiables", a déclaré à l'AFP Baikong Mamid, une porte-parole de MSF à Kaboul. "Ce bilan n'est probablement pas définitif", a-t-elle prévenu.
Un précédent bilan faisait état de 24 morts.
Le centre de MSF était le seul hôpital capable de traiter les blessures de guerre les plus graves dans la région. Son bombardement a donc porté un coup très rude à la population civile du Nord afghan, prise dans les combats entre les forces de sécurité et les rebelles talibans, qui se sont brièvement emparés de Kunduz.
Trois enquêtes, une américaine, une afghane et une de l'Otan, ont été diligentées. Mais Joanne Liu, la président de MSF, réclame une "commission internationale humanitaire" pour faire la lumière sur des "soupçons de crime de guerre".
MSF assure que ses équipes avaient transmis les coordonnées GPS de l'hôpital aux armées afghane et américaine avant le raid et prévenu les états-majors dès que les premières bombes ont commencé à tomber.
Or "Soutien résolu", la mission de l'Otan dans le pays, a dévoilé une des premières conclusions de son enquête et admis que "les informations faisant état de victimes civiles étaient crédibles", comme l'a expliqué le général Wilson Shoffner, un porte-parole.
Quelques jours après le raid, le général américain John Campbell, patron des forces de l'Otan en Afghanistan, a reconnu que la frappe américaine avait été demandée par les Afghans et décidée par la chaîne de commandement américaine, mais Washington dit attendre les résultats des enquêtes pour se prononcer plus avant.
Et, afin que l'enquête américaine "soit menée de façon indépendante et impartiale", le général Campbell a désigné trois généraux américains, dont aucun ne fait partie du commandement de "Soutien résolu", pour épauler le général Richard Kim, qui dirige l'investigation, a expliqué l'Otan dans un communiqué.
Mais MSF est hautement sceptique quant à ces enquêtes, comme l'a souligné Jason Cone, directeur de MSF aux Etats-Unis, dans une tribune dans le New York Times samedi, car elles "se font à l'aune de la doctrine et de la pratique militaires et non du droit humanitaire international".