Crimes de guerre, crimes contre l'humanité, il en a été largement question au cours de la semaine du lundi 19 au dimanche 25 octobre, dans les prétoires ou dans d'autres cadres.
D'abord avec le procès historique de l'ancien dictateur tchadien Hissène Habré, qui se déroule depuis juillet devant un tribunal spécial à Dakar.
Exilé au Sénégal, l'ex-président est jugé pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et torture commis sous son régime (1982-1990).
Lundi, l'ancien juge espagnol Baltasar Garzon, qui avait obtenu, en octobre 1998, l'arrestation à Londres de l'ex-président chilien (1973-1990) Augusto Pinochet, a fait une visite remarquée au procès avant de s'exprimer devant la presse.
M. Garzon a salué l'existence de ce tribunal spécial qui, a-t-il dit, « est un modèle qui peut parfaitement venir compléter la justice régionale dans les cas où la CPI (Cour pénale internationale) n'intervient pas ».
Il apparaît cependant que le calendrier prévisionnel que s'était fixé la Cour ne sera pas respecté étant donné le nombre important de témoins qui doivent encore passer à la barre.
Il était prévu que les plaidoiries des parties civiles, le réquisitoire du parquet et les plaidoiries de la défense soient entendus du 19 au 27 octobre, avant la déclaration de l'accusé qui boycotte son procès.
Un tribunal spécial comme celui qui juge actuellement Hissène Habré, c'est une des propositions qui avaient été avancées après la publication, il y a aujourd'hui cinq ans, du rapport des Nations unies sur le « mapping » des crimes commis entre 1993 et 2003 dans l'ex-Zaïre, aujourd'hui République démocratique du Congo (RDC). Ce rapport examine des incidents particulièrement graves survenus dans tout le Congo sur une période de 10 ans et fournit des détails sur des cas graves de massacres, de violence sexuelle et d'attaques contre des enfants, ainsi que d'autres exactions commises par une série d'acteurs armés, notamment des armées étrangères, des groupes rebelles et des forces du gouvernement congolais. Le rapport conclut que la plupart des crimes documentés peuvent être qualifiés de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre.
A la sortie du rapport, en octobre 2010, plusieurs organisations internationales avaient demandé que des suites judiciaires y soient réservées. Cinq ans après, rien.
Pour Maître Vincent Courcelle-Labrousse, « c'est une démission tragique et un aveuglement volontaire coupable », de la part d'une communauté internationale intimidée par le « chantage émotionnel » du président rwandais Paul Kagamé. Dans une interview avec JusticeInfo.Net, l’avocat français affirme que ce chantage « continue de peser sur toutes les velléités d'agir et de poursuivre les crimes massifs commis en RDC dans les années 1996-1997 » par des éléments de l'actuelle armée rwandaise.
Les Ivoiriens aux urnes alors que Gbagbo attend son procès
Des crimes massifs, on s'en souvient également en Côte d'Ivoire où les électeurs étaient aux urnes dimanche pour le premier scrutin présidentiel après la crise post-électorale de 2010-2011.
Le président sortant Alassane Ouattara espère décrocher une victoire dès le premier tour.
La crise meurtrière de 2010-2011 était née du refus du président de l'époque, Laurent Gbagbo, de reconnaître la victoire électorale de son adversaire Alassane Ouattara.
Gbagbo, dont l’ombre continue de planer sur la politique ivoirienne, est actuellement détenu par la Cour pénale internationale (CPI) à la Haye où il attend l'ouverture de son procès le 10 novembre prochain pour crimes contre l'humanité.
Enfin, l'Allemagne, en tout cas celle qui est dirigée par la Chancelière Angela Merkel, n'est pas prête à oublier ou nuancer son rôle dans la Shoah. Berlin l’a réitéré mercredi après les propos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu affirmant que c'est le mufti de Jérusalem de l'époque qui avait suggéré à Hitler d'exterminer les juifs d'Europe.
« Je ne vois aucune raison de changer de quelque manière que ce soit notre vision de l'Histoire. Nous savons que la responsabilité allemande pour ce crime contre l'humanité est inhérente », a souligné lors d'une conférence de presse Steffen Seibert, porte-parole d'Angela Merkel.