Les familles de trois victimes du massacre de Srebrenica en 1995 en Bosnie se sont tournées vers la justice européenne après le refus des juges néerlandais de poursuivre trois ex-Casques bleus en charge de l'enclave, a indiqué dimanche leur avocate.
Les plaignants réclament depuis 2010 des poursuites pour génocide et crimes de guerre contre Thom Karremans, le commandant du bataillon Dutchbat III chargé de la protection de l'enclave musulmane en zone serbe, son adjoint Rob Franken et l'officier du personnel Berend Oosterveen.
"L'enquête (néerlandaise) n'était pas indépendante et des pressions politiques ont été exercées", a affirmé l'avocate des familles Liesbeth Zegveld à l'AFP, indiquant qu'une plainte a été déposée en ce sens à la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) de Strasbourg.
Les plaignants accusent les trois militaires d'avoir livré leurs proches aux forces serbes de Bosnie du général Ratko Mladic en juillet 1995 après que les trois victimes s'étaient réfugiées sur la base militaire en compagnie de 5.000 musulmans, principalement des femmes.
Ces trois victimes étaient Rizo Mustafic, l'électricien du Dutchbat, et Ibro et Muhamed Nuhanovic, le père et le frère de l'interprète des militaires néerlandais.
Le parquet avait refusé en 2013 d'engager des poursuites, estimant qu'il n'existait aucune preuve l'obligeant à mener une enquête approfondie. Des juges avaient confirmé cette décision en avril.
"Le ministère de la Défense a exercé une influence indue sur le parquet pour ne pas poursuivre les suspects tout au long de la procédure", a estimé Mme Zegveld dans sa plainte.
Dans une réaction, le ministère a affirmé que la plainte était complètement "infondée". Le parquet et les juges sont complètement indépendants, a ajouté un porte-parole, cité par l'agence de presse néerlandaise ANP.
Près de 8.000 hommes et garçons musulmans avaient été tués dans l'enclave de Srebrenica, le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic est actuellement poursuivi pour génocide devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), notamment pour Srebrenica.
Srebrenica était placée sous la protection de l'ONU lors de sa prise en juillet 1995 par les forces serbes de Bosnie, mais, faiblement armés, les Casques bleus néerlandais chargés de la protection de l'enclave n'avaient pas résisté.