Jerusalem a été vendredi le théâtre d'une attaque palestinienne au couteau, la première depuis deux semaines, tandis que les violences agitaient la Cisjordanie occupée.
Jérusalem n'avait plus connu d'attentat depuis le 17 octobre, résultat apparent d'un déploiement sécuritaire massif et d'un accord diplomatique sur l'ultra-sensible esplanade des Mosquées qui avait été le principal catalysateur des violences dans les premières semaines d'octobre.
L'attaque de vendredi a fait deux blessés: un touriste américain légèrement touché par l'assaillant et un civil, atteint à la jambe par une balle perdue d'agents de sécurité cherchant à neutraliser l'agresseur.
Ce dernier, un Palestinien de 23 ans originaire d'un quartier de Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville annexée et occupée par Israël, a été abattu, selon la police israélienne.
Plus tôt dans la journée, deux Palestiniens avaient tenté de poignarder des gardes-frontières israéliens près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée. L'un a été tué par des tirs israéliens, le deuxième est dans un état critique, a indiqué la police israélienne.
Des heurts violents ont par ailleurs opposé jeunes Palestiniens et soldats israéliens dans plusieurs villes de Cisjordanie, à Hébron, Bethléem ainsi qu'aux entrées de Ramallah et Naplouse, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Tous les mouvements palestiniens avaient appelé à manifester après la prière hebdomadaire.
A Hébron, devenu ces derniers jours abcès de fixation des violences avec de multiples attaques au couteau, des dizaines de jeunes Palestiniens ont lancé des pierres, des cocktails Molotov et fait rouler des pneus enflammés sur les soldats israéliens.
Postés dans la rue et sur les toits, les soldats ont riposté par un barrage de gaz lacrymogènes et de balles caoutchoutées, au milieu duquel des pompiers palestiniens s'employaient comme ils pouvaient à éteindre l'incendie d'un palmier. Dans les airs, un drone israélien filmait les incidents.
- A Gaza aussi -
L'armée israélienne a pris de nouvelles mesures pour prévenir des attentats à Hébron, avec notamment un dispositif de bouclage inspiré de celui utilisé à Jérusalem, a rapporté le quotidien israélien Maariv.
Hébron, bastion en Cisjordanie du mouvement islamique Hamas, est une poudrière où 500 colons israéliens vivent parmi les Palestiniens derrière miradors et barbelés sous haute protection de l'armée.
Au moins sept jeunes Palestiniens ont été abattus ces derniers jours à proximité du tombeau des Patriarches, révéré par les musulmans et les juifs et source de vives tensions. Ils avaient attaqué des Israéliens à l'arme blanche, disent les forces israéliennes mais les Palestiniens contestent cette version.
Sur les 65 Palestiniens (dont un Arabe israélien) tués depuis le 1er octobre, environ un quart venaient de Hébron. La moitié des Palestiniens tués ont été abattus en commettant des attaques qui ont fait neuf morts côté israélien.
Vendredi, de jeunes Palestiniens ont également manifesté dans la bande de Gaza à l'appel du Hamas et du Jihad, les forces islamistes qui dominent le territoire. Nombre d'entre eux sont de nouveau allés défier les soldats israéliens le long de la barrière de sécurité qui, avec la frontière égyptienne, enferme hermétiquement ce territoire.
Dix-sept Palestiniens sont morts dans la bande de Gaza, depuis la nouvelle flambée de violences, pour la très grande majorité tués par des tirs israéliens en protestant devant la barrière de sécurité.
- Mouvement diplomatique -
La jeunesse palestinienne est exaspérée par les vexations liées à des dizaines d'années d'occupation israélienne, par la colonisation, le blocus de la bande de Gaza, l'absence de toute perspective personnelle et le discrédit des autorités et partis palestiniens. L'esplanade des Mosquées a servi de cri de ralliement à la contestation.
Parallèlement, les violences ont accentué la pression du lobby procolonisation sur le gouvernement israélien. Sans annoncer de nouvelles constructions, le gouvernement a légalisé rétroactivement près de 800 logements dans quatre colonies de Cisjordanie occupée.
La communauté internationale considère comme illégale la colonisation, c'est-à-dire la construction d'habitations civiles sur les territoires occupés ou annexés depuis 1967. Elle est présenté comme un obstacle majeur à une résolution pacifique du conflit.
La Nouvelle-Zélande vient de présenter au Conseil de sécurité un projet de résolution appelant Israéliens et Palestiniens à éviter les actes pouvant saper les efforts de paix. Le projet cite l'expansion des colonies côté israélien et les initiatives anti-israéliennes à la Cour pénale internationale (CPI) côté palestinien.
Malgré cette initiative, le président palestinien Mahmoud Abbas, qui refuse de reprendre les discussions avec Israël dans le contexte actuel, devait rencontrer vendredi la procureure de la CPI, selon des responsables palestiniens.