La guérilla colombienne des Farc a prévenu mardi à Cuba que la date butoir du 23 mars fixée avec le gouvernement pour signer un accord de paix pourrait être repoussée du fait de désaccords persistants sur la justice.
Le 23 septembre dernier, la plus importante rébellion du pays et le gouvernement s'étaient mis d'accord pour parapher un accord de paix dans les six mois, dans le cadre des pourparlers menés depuis fin 2012 à La Havane.
Mais le négociateur de la guérilla Carlos Antonio Lozada a estimé mardi devant la presse que cette période de six mois n'avait pas encore commencé, et que le décompte ne débuterait qu'après un accord définitif sur la justice. "A ce moment-là, nous pourrons étudier à partir de quand nous commencerons à décompter les six mois", a-t-il affirmé à la reprise d'une nouvelle session de négociations dans la capitale cubaine.
De leur côté, les négociateurs du gouvernement colombien n'ont fait aucune déclaration aux journalistes présents.
Avant de se donner ce délai de six mois, gouvernement et rébellion avaient conclu un accord sur le sort judiciaire des combattants, pierre angulaire du dialogue de paix.
Mais depuis la rébellion accuse le gouvernement de vouloir revenir sur le texte, celui-ci affirmant de son côté que certaines questions restent à préciser.
Début octobre, une équipe de juristes a été chargée de régler ce différend pour tenter d'avancer et boucler au plus vite le volet "réparation aux victimes", quatrième des six points à l'ordre du jour, qui comprend la justice.
Une fois résolue cette question, deux autres thèmes resteront à négocier : l'abandon des armes et la ratification d'un accord de paix définitif.
Les parties ont déjà noué des accords partiels sur la réforme rurale, la lutte anti-drogue et la participation des ex-guérilleros à la vie politique.
En parallèle, Farc et gouvernement ont lancé un plan de désactivation des mines antipersonnel et formé une Commission de la vérité pour faire la lumière sur les exactions commises durant le conflit.
La Colombie est déchirée depuis plus d'un demi-siècle par des violences armées impliquant des guérillas de gauche, des milices paramilitaires d'extrême droite, des narcotrafiquants et des agents de l'Etat, qui ont fait quelque 220.000 morts et plus de six millions de déplacés, selon les chiffres officiels.