La semaine de la justice transitionnelle : Hommage aux victimes de Srebrenica, Béchir versus CPI

La semaine de la justice transitionnelle : Hommage aux victimes de Srebrenica, Béchir versus CPI©Photo Rosa Menkman / Flickr
Prière au cimetière de Srebrenica le 11 juillet 2011
2 min 49Temps de lecture approximatif
Le monde a commémoré le lundi 11 juillet le massacre perpétré, il y a aujourd’hui 21 ans, à Srebrenica, en Bosnie-Herzégovine.  Qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY),  ce massacre est le pire en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.
De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) reste confrontée à l’incohérence du Conseil de sécurité des Nations unies dans le dossier du président soudanais Omar Béchir

 

La douleur était immense. « Veuves ou filles de certains des plus de 8.000 hommes et adolescents exécutés en juillet 1995 par les forces serbes de Bosnie, des femmes pleurent, consolées par des proches. D'autres sont accroupies près des cercueils, en caressant l'étoffe verte ou y posant une fleur (…)  A proximité, quelques hommes s'agenouillent et prononcent une prière », détaille l’AFP. Ils étaient venus par milliers, le lundi 11 juillet, pour rendre hommage, 21 ans après, aux victimes de Srebrenica.

Deux décennies après, les survivants de ce conflit en Bosnie-Herzégovine restent psychologiquement marqués par l’horreur, comme l’écrit Pierre Hazan, Conseiller éditorial de JusticeInfo. « Pendant des années, ils ont subi des bombardements, vécu eux-mêmes des violences ou ce sont leurs proches qui ont traversé ces épreuves entre 1992 et 1995. Et en Bosnie comme dans d'autres lieux de conflit, les psychologues constatent que les traumatismes se transmettent aux nouvelles générations nées bien après la fin du conflit. Face à cette situation, les autorités de la Fédération de Bosnie-Herzégovine et de la Republika Srpska – pour une fois d'accord !– ont mis sur pied en 2009 un projet de cliniques municipales de santé mentale », rapporte Pierre Hazan.

A La Haye, la Cour pénale internationale (CPI) peut-elle espérer mettre la main un jour sur le président soudanais Omar Béchir visé par deux mandats d’arrêt pour crimes graves commis au Darfour, dans son pays ? Il y a un mois, Fatou Bensouda, la procureure de la CPI affrontait un Conseil de sécurité partiellement hostile, dénonçant son « silence assourdissant » alors que c’est lui-même - le Conseil de sécurité- qui a déféré à la Cour la situation au Darfour.

Et lundi, la CPI a pour la nième fois saisi le Conseil de sécurité de la non-coopération de pays africains pour l’arrestation de Béchir : sont en cause cette fois-ci l’Ouganda et Djibouti qui ont accueilli Béchir en mai dernier. Moins d’une semaine après cette saisine, le président soudanais était accueilli à bras ouverts au sommet de l’Union africaine en cours au Rwanda, un pays, qui, contrairement à Djibouti et à l’Ouganda, n’est pas partie au Traité de Rome, texte fondateur de la CPI.

Toujours au chapitre de l’actualité judiciaire internationale,  le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a décidé lundi d’abandonner les poursuites engagées contre  le chef militaire du Hezbollah Mustafa Badreddine, accusé du meurtre de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, admettant finalement qu'il avait bien trouvé la mort en Syrie. Selon le Hezbollah, Badreddine, qualifié de "cerveau" de la planification de l'assassinat l'ex-Premier ministre libanais, à Beyrouth en 2005, a été tué dans une explosion le 12 mai près de l'aéroport de Damas, dans des circonstances toujours entourées de mystère. Il était l'un des cinq accusés du procès qui s'est ouvert en janvier 2014 en leur absence devant le TSL.

 Enfin, la Tunisie où le nouveau pouvoir semble mettre en péril un processus de justice transitionnelle dans lequel les citoyens avaient placé tant d’espoirs. Le « projet de loi sur la réconciliation économique et financière », massivement décrié dès sa présentation par le président Beji Caied Essebsi le 14 juillet 2015, refait surface. « Le texte, écrit Olfa Belhasine, correspondante de JusticeInfo à Tunis, prévoit l’arrêt des poursuites, des procès ou de l’exécution des peines contre des fonctionnaires publics et assimilés ayant commis des  malversations financières et des détournements  de deniers publics ». Comme l’année dernière, les ONG nationales et internationales sont à nouveau mobilisées contre ce projet de loi dont l‘adoption « saboterait le mécanisme de justice transitionnelle alliant vérité sur les faits, restitution et souplesse judiciaire déjà instauré en Tunisie pour combattre la délinquance économique », selon Human Rights Watch.