La Pologne pourrait poursuivre la Russie devant la justice internationale pour les lenteurs de l'enquête sur la catastrophe aérienne dans laquelle le président Lech Kaczynski a trouvé la mort en 2010 à Smolensk, a annoncé le futur chef de la diplomatie de Varsovie.
Varsovie demandera aussi à nouveau à la Russie de lui rendre l'épave de l'avion présidentiel, a déclaré Witold Waszczykowski, qui doit prendre le portefeuille des Affaires étrangères dans le gouvernement conservateur de Beata Szydlo, dans une interview diffusée mardi sur le site internet de la chaîne TVN24.
"Si la Russie continue à refuser de coopérer, nous porterons l'affaire devant des instances internationales. Nous porterons plainte à Strasbourg (devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme - NDLR) contre les lenteurs de l'enquête, nous demanderons devant des tribunaux d'arbitrage la restitution de ce bien polonais", les restes de l'avion et ses boîtes noires a-t-il expliqué.
"Il faut d'abord demander à la Russie ce qu'elle compte en faire", a-t-il précisé ensuite dans les couloirs du parlement. "Si elle ne veut rien faire, s'il elle ne veut pas tenir compte de notre position, il faudra remettre le dossier aux instances internationales", a-t-il dit.
Il a évoqué aussi la possibilité de faire appel à des experts "du monde entier" pour vérifier les deux rapports existants sur l'accident, l'un russe et l'autre polonais.
Le futur ministre de la Défense dans le gouvernement de Mme Szydlo, Antoni Macierewicz, est le principal promoteur de la thèse d'un attentat russe pour expliquer la catastrophe aérienne de 2010 à Smolensk.
De son côté, Jaroslaw Kaczynski, chef du parti Droit et Justice qui forme le nouveau gouvernement et frère jumeau du président défunt, a estimé lundi qu'il n'était pas nécessaire de créer une commission d'enquête internationale pour éclaircir la catastrophe. "Cela doit être fait par la justice et par un parquet travaillant normalement", a-t-il dit.
Le parquet militaire polonais, chargé de l'enquête, a cependant réaffirmé mardi dans un communiqué qu'il n'y avait pas eu d'explosion à bord de l'avion et que la chute de l'appareil était due à des erreurs des pilotes polonais et des contrôleurs aériens russes.