La communauté internationale doit davantage aider le Soudan à réduire le flux de migrants d'autres pays africains qui traversent son territoire pour rejoindre l'Europe via la Libye, a indiqué mercredi un haut responsable soudanais.
"Le Soudan a besoin d'être davantage soutenu pour faire face à ces défis, en particulier le trafic de migrants", a déclaré à l'AFP Hamad Elgizouli, Commissaire aux réfugiés au sein du gouvernement.
Il s'exprimait à Khartoum le jour d'un sommet consacré à Malte à la crise des migrants, au cours duquel les Européens devaient faire pression sur les Africains pour réduire le flux de personnes partant vers l'UE. Pour les convaincre, la Commission européenne souhaite mobiliser 3,6 milliards d'euros en faveur d'un Fonds fiduciaire pour l'Afrique.
M. Elgizouli a dit espérer que "le Soudan obtiendra une part" de ce montant alors que quelque 1.100 migrants, la plupart des Erythréens, arrivent chaque mois dans l'est du pays, la plupart pour se rendre en Europe, selon le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR).
Ce chiffre est plus élevé, selon le haut responsable soudanais, puisque 60 à 70 personnes entrent chaque jour dans l'est du pays.
Les Erythréens forment le troisième contingent le plus important à tenter de rejoindre l'Europe après les Syriens et les Afghans. Après le Soudan, leur route passe par Libye, d'où ils tentent de traverser la Méditerranée pour rejoindre l'Italie.
Quelque 86.500 Erythréens vivent dans l'est du Soudan, dont 75.800 dans des camps gérés par la Commission soudanaise aux réfugiés avec le soutien du HCR, selon l'ONU.
Les conditions de vie dans ces camps se sont détériorées ces dernières années, indique M. Elgizouli, en appelant l'EU à accroître son aide pour les améliorer afin de dissuader les réfugiés de tenter de rejoindre l'Europe. "Les services offerts aux réfugiés ont été réduits dans tous les secteurs, en particulier l'alimentation", selon lui.
Le mois dernier, le représentant de l'UE à Khartoum, Tomas Ulicny, avait jugé nécessaire une collaboration plus étroite avec le Soudan, indiquant que Bruxelles avait déjà apporté 79,5 millions d'euros pour développer les régions pauvres de l'est du Soudan depuis 2011.
Un rapport du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies a dénoncé en juin "des violations systématiques, généralisées et flagrantes des droits de l'Homme" par le gouvernement érythréen, qui "peuvent constituer des crimes contre l'humanité". Ce rapport a été rejeté par le gouvernement érythréen.