L'ex-chef de guerre congolais Bosco Ntaganda, en grève de la faim depuis presque deux semaines, a recommencé à s'alimenter, a indiqué à l'AFP dans la nuit de mardi à mercredi son avocat devant la Cour pénale internationale (CPI).
L'accusé, qui avait assuré lors d'une déclaration "être prêt à mourir", avait entamé sa grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention et accuse la Cour de ne pas lui accorder un procès équitable. Il n'est pas apparu devant les juges de la CPI depuis le 7 septembre.
"M. Ntaganda a recommencé à manger ce soir", a indiqué son avocat, Stéphane Bourgon, dans un courriel adressé à l'AFP. "Si tout va bien, son épouse sera à La Haye à partir de jeudi et elle pourra voir M. Ntaganda dans un contexte presque privé, ce qui correspond aux attentes minimum" de l'accusé.
Bosco Ntaganda avait plaidé non-coupable de treize crimes de guerre et cinq crimes contre l'humanité, dont meurtres, pillages, attaques contre des civils, viols et esclavage sexuel, commis par ses troupes en 2002-2003 en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).
L'ancien chef de guerre congolais, né en 1972, était le premier accusé a avoir jamais entamé une grève de la faim dans les prisons de la CPI.
Lundi, le juge Robert Fremr avait affirmé, en citant un expert médical, que l'accusé n'avait pas de "symptôme alarmant du point de vue physique ou mental". M. Bourgon n'a pas précisé si son client était en état de participer aux audiences à partir de mercredi.
Dans une longue déclaration lue le 13 septembre par son avocat, l'ancien chef rebelle avait assuré ne "plus avoir aucun espoir" de voir ses enfants "dans des conditions normales".
Cette déclaration intervenait alors que les juges avaient refusé de lever les restrictions imposées sur ses contacts avec l'extérieur, après des inquiétudes au sujet d'intimidations présumées de témoins. Les juges ont néanmoins répété que rien dans ces conditions de détention n'empêchait les visites familiales
Souvent surnommé "Terminator", Bosco Ntaganda, aurait joué avec ses troupes des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) un rôle central dans les violences ethniques et attaques menées contre les civils en Ituri.
Les conflits dans le nord-est de la RDC, qui ont impliqué les armées d'au moins six nations africaines dans cette région riche en minerais, ont entraîné des violences inouïes sur les civils, causant la mort de trois millions de personnes, selon les ONG, et créé une instabilité profonde dans l'Est congolais.