Malgré une rencontre à New York entre le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, dont les pays soutiennent des camps opposés, la diplomatie semble incapable d'arrêter ce conflit qui a déjà fait plus de 300.000 morts et engendré la pire crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale.
Selon un journaliste de l'AFP dans la partie rebelle d'Alep, les frappes aériennes ont été incessantes vendredi, les destructions sont considérables et les services de secours impuissants face à l'ampleur de la violence.
Au moins 45 civils dont six enfants et cinq femmes ont été tués dans les bombardements, selon une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Deux centres des "Casques blancs", des secouristes récemment récompensés par une fondation suédoise pour "leur courage exceptionnel", ont été touchés par les bombardements. L'un d'eux est complètement dévasté.
Les secouristes ont indiqué à l'AFP ne plus disposer que de 2.000 litres de carburant. Ils doivent désormais le rationner et choisir où intervenir.
- 'Abandonnés à la mort' -
"En deux jours, les hôpitaux soutenus par Médecins sans frontières ont reçu 145 blessés (...) mais nous savons que dans de nombreux quartiers, les blessés et les malades n'ont aucun endroit où aller et sont simplement abandonnés à la mort", a déploré l'organisation humanitaire.
La coalition de l'opposition syrienne a dénoncé "une campagne criminelle" du régime du président Bachar al-Assad.
Ancienne capitale économique de la Syrie, Alep, principale ville du nord du pays, est un enjeu majeur de la guerre. Elle est divisée depuis 2012 entre des quartiers ouest contrôlés par le régime et des quartiers est tenus par les rebelles.
Dans l'ouest de la province d'Alep, 15 personnes dont 11 enfants ont par ailleurs été tuées par un raid russe sur le village rebelle de Bechkatine, selon l'OSDH.
L'armée, qui assiège la partie rebelle d'Alep depuis deux mois, a annoncé le lancement d'une offensive pour reprendre ces quartiers.
"Nous avons commencé des opérations de reconnaissance et de bombardements aériens et d’artillerie", a déclaré une source militaire de haut niveau. "Elles peuvent durer des heures ou des jours avant une opération terrestre."
Selon une autre source militaire à Damas, "le nombre de combattants (du régime) permet très bien de commencer une opération terrestre, car de nombreux renforts sont arrivés à Alep".
- Une route alternative -
Une trêve convenue le 9 septembre par Moscou et Washington a volé en éclats lundi et n'a pas permis de livrer de l'aide humanitaire dans la partie d'Alep assiégée.
L'ONU a annoncé vendredi envisager une route alternative pour faire parvenir vivres et médicaments aux habitants des quartiers rebelles, alors que 40 camions d'aide humanitaire sont bloqués depuis une semaine à la frontière entre la Turquie et la Syrie.
Sur le plan diplomatique, la réunion jeudi du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) à New York a été un échec.
Vendredi, M. Kerry a rencontré son homologue russe en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York mais sans résultat marquant. "Nous avons échangé des idées et nous avons fait de petites avancées", a brièvement déclaré M. Kerry.
Bien que l'aviation de la Russie soutienne son allié syrien dans les bombardements qui frappent Alep, M. Lavrov, à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, a jugé "essentiel" de préserver l'accord pour un cessez-le-feu en Syrie.
Peu après, lors d'une conférence de presse à l'ONU, M. Lavrov a de nouveau réclamé que les groupes rebelles considérés comme modérés se séparent des groupes extrémistes "terroristes".
"Nous sommes tous en faveur d'un cessez-le-feu, mais sans une séparation de l'opposition du groupe Al-Nosra, ce cessez-le-feu n'a pas de raison d'être", a déclaré le ministre russe.
Le groupe Al-Nosra, qui a rompu il y a quelques mois avec Al-Qaïda, s'appelle désormais Fateh al-Cham, mais est toujours considéré comme un groupe "terroriste" par la communauté internationale.
"Malheureusement, la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, qui s'y était engagée, n'a pas été capable de mettre en oeuvre" la séparation sur le terrain entre les groupes rebelles modérés et Al-Nosra, a accusé M. Lavrov.
M. Kerry doit recevoir samedi ses homologues italien, britannique, français et allemand à Boston pour discuter notamment de la Syrie.
La guerre en Syrie a débuté en 2011 après la répression dans le sang de manifestations prodémocratie. Elle s'est complexifiée avec l'entrée en jeu d'acteurs étrangers et de jihadistes.