Venezuela: le président dénonce à l'ONU le "harcèlement permanent" contre son pays

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Le président vénézuélien Nicolas Maduro a dénoncé jeudi à l'ONU le "harcèlement permanent" contre son pays, après que le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, ait critiqué le manque d'impartialité du système judiciaire vénézuélien.

"Aujourd'hui le Venezuela fait face à un harcèlement permanent et (...) à la manipulation des droits de l'Homme (...) pour isoler notre pays", a déclaré M. Maduro devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève.

"Le Venezuela exige le plus grand respect", a-t-il ajouté, rappelant que son pays avait été élu il y a quelques semaines au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, un organe qui ne compte que 47 membres (alors que les Nations unies en comptent 193).

Peu avant M. Zeid avait dénoncé, via vidéoconférence, le manque d'impartialité du système judiciaire au Venezuela.

Les déclarations de M. Maduro, qui était accompagné de sa femme, interviennent alors que des opposants vénézuéliens ont déposé mercredi une plainte devant la Cour pénale internationale (CPI) contre lui pour crimes contre l'humanité. Par ailleurs deux neveux de la Première dame du Venezuela, accusés d'avoir voulu faire entrer aux Etats-Unis des substances illicites, dont de la cocaïne, doivent comparaître jeudi à New York.

Cette comparution risque de tendre un peu plus les relations entre les Etats-Unis et le Venezuela, qui n'ont pas d'ambassadeurs respectifs depuis 2010, et ce à trois semaines d'élections législatives au Venezuela.

A l'issue du discours de Nicolas Maduro, qui a défendu les avancées économiques réalisées par son gouvernement notamment en matière de lutte contre la pauvreté et le chômage, le porte-parole de la mission américaine à l'ONU, Paul Patin, a critiqué une "tentative d'utiliser le Conseil pour détourner l'attention" et déploré les "restrictions fondamentales des libertés" au Venezuela.

"Un bon nombre d'organes des droits de l'Homme de l'ONU, y compris le Groupe de travail sur la détention arbitraire et le Comité des droits de l'homme, ainsi que mon propre bureau, ont exprimé leurs sérieuses préoccupations au sujet de l'indépendance du pouvoir judiciaire au Venezuela, l'impartialité des juges et procureurs et les pressions qu'ils subissent quand il s'agit de cas politiquement sensibles", a affirmé M. Zeid.

"Les cas de la juge Maria Lourdes Afiuni et de Leopoldo Lopez (un opposant, ndlr) sont des illustrations claires de ces problèmes", a-t-il ajouté.

La magistrate Maria Lourdes Afiuni a été condamnée à la fin des années 2000 à l'issue d'une procédure qualifiée d'"arbitraire" par l'ONU après que l'ancien président vénézuélien Hugo Chavez eut publiquement demandé 30 ans de prison à son encontre pour avoir libéré un banquier anti-chaviste accusé de fraude. Elle est en liberté conditionnelle depuis juin 2013.

Leader de l'aile radicale de l'opposition, Leopoldo Lopez a été condamné en septembre à plus de 13 ans de prison pour son rôle présumé dans les manifestations antigouvernementales entre février et mai 2014, qui ont fait 43 morts selon le bilan officiel.

M. Zeid a aussi dénoncé "l'intimidation, des menaces et attaques à l'encontre de journalistes, défenseurs des droits de l'Homme et avocats".