La communauté yazidie a été victime d'un "génocide" perpétré par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) en août 2014, a affirmé jeudi le musée de l'Holocauste de Washington dans un rapport basé des témoignages recueillis dans le nord de l'Irak.
"Ce génocide se poursuit", a commenté lors d'une conférence de presse Cameron Hudson, le directeur du centre Simon-Skjodt pour la prévention des génocides, qui a diligenté une mission de 15 jours dans la province de Ninive (nord) en septembre.
La publication du rapport, accompagné de témoignages audiovisuels sur le site du musée, coïncide avec le lancement par les forces kurdes irakiennes d'une vaste offensive pour reprendre à l'EI la ville de Sinjar, où les jihadistes se sont livrés à de multiples exactions contre les Yazidis.
Les Yazidis, une minorité religieuse qui vit principalement dans cette région de l'Irak, ne sont ni arabes ni musulmans et sont haïs par l'EI.
"Nous n'avons pas simplement constaté l'intention" de commettre un génocide, a expliqué Naomi Kikoler, qui s'est rendue en Irak pour recueillir les témoignages.
"Nous avons constaté des actes correspondants à cette intention, ainsi que des déclarations dans les divers moyens de propagande de l'EI affirmant qu'ils agissaient conformément à leur idéologie extrémiste", a-t-elle poursuivi pour justifier la qualification de génocide.
Dans le cadre de leur offensive sur l'Irak durant l'été 2014, les jihadistes de l'EI ont massacré de nombreux Yazidis et poussé à la fuite des dizaines de milliers d'entre eux.
"De très nombreuses femmes et des enfants qui ont été enlevés sont maintenus en esclavage par leur ravisseurs", a souligné M. Hudson. L'EI s'était targué il y a un an d'avoir rétabli l'esclavage en offrant comme butin de guerre à ses combattants les Yazidies capturées en Irak.
Ces informations viennent corroborer les nombreux témoignages publiés depuis l'année dernière.
"Aujourd'hui il y a deux bonnes nouvelles, la publication de ce rapport et l'opération de libération" de Sinjar, s'est de son côté félicité Dakhil Shammo, un militant yazidi des droits de l'homme.
Citant des commandants kurdes joints par téléphone, M. Shammo a affirmé que leurs forces avaient l'avantage sur le terrain et mis en garde contre toutes velléités de "vengeance" de la part de combattants yazidis engagés dans la bataille.
Le musée de l'Holocauste à Washington, inauguré en 1993, a également documenté dans son rapport des cas de "nettoyage ethnique, crimes de guerre et crimes contre l'humanité" contre d'autres minorités de la province de Ninive: les chrétiens, les Turkmènes, les Shabaks, les Kaka'e et les Sabéens.