Deux proches du président vénézuélien, neveux de son épouse, ont été inculpés à New York de complot visant à introduire de la cocaïne et d'autres substances illicites aux Etats-Unis, une affaire qui risque de tendre encore plus les relations entre Washington et Caracas.
Efrain Antonio Campo Flores et Franqui Francisco Flores de Freitas, 29 et 30 ans, arrêtés mardi en Haïti et remis aux autorités américaines, devaient comparaître jeudi soir devant un juge du tribunal fédéral de Manhattan. Ils sont accusés d'avoir voulu importer aux Etats-Unis "cinq kilos et plus de mélanges et de substances contenant une quantité détectable de cocaïne", selon l'acte d'accusation, et d'avoir "participé en octobre 2015 à des rencontres au Venezuela, sur une cargaison de cocaïne qui devait être envoyée aux Etats-Unis via le Honduras".
Campos Flores, s'est présenté comme beau-fils du président Nicolas Maduro, et neveu de la première dame Cilia Flores. Franqui Francisco Flores de Freitas, 30 ans, s'est aussi présenté comme un neveu de Cilia Flores, 62 ans.
L'acte d'accusation, parle de "complot" pour "fabriquer et distribuer" une substance interdite, impliquant "d'autres personnes connues et inconnues".
Les deux hommes ont été arrêtés mardi "sous mandat international" lors d'"une opération de la Brigade de lutte contre le trafic de stupéfiants (BLTS)" haïtienne, dans un grand hôtel à proximité de l'aéroport international de Port-au-Prince, a indiqué jeudi le porte-parole de la police nationale haïtienne Gary Desrosiers, lors d'une conférence de presse.
Cette affaire risque de tendre un peu plus les relations entre les Etats-Unis et le Venezuela, qui n'ont pas d'ambassadeurs respectifs depuis 2010, et ce à trois semaines d'élections législatives dans ce pays d'Amérique latine où le courant du président socialiste Nicolas Maduro, 52 ans, semble en grande difficulté.
Depuis Genève, M. Maduro a dénoncé jeudi "le harcèlement permanent" visant selon lui à "isoler" son pays, sans cependant faire directement référence à ces arrestations. Il s'exprimait devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, après que le Haut-Commissaire aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, eut critiqué la partialité du système judiciaire vénézuélien.
M. Maduro a également tweeté: "la patrie continuera sa route, ni les attaques ni les embuscades impérialistes ne peuvent atteindre le peuple des libérateurs".
Les autorités américaines estiment qu'une grande partie de la cocaïne produite en Colombie transite via le Venezuela avant de faire route vers les Etats-Unis ou l'Europe. Elles soupçonnent aussi de hauts responsables de la police, de l'armée et du gouvernement vénézuélien d'être impliqués dans du blanchiment d'argent lié au trafic de drogue, selon le Wall Street Journal.
En septembre, un tribunal de Floride avait déjà inculpé l'ancien responsable du renseignement financier vénézuélien, Pedro Luis Martin pour trafic de drogue.
- Echec dans la lutte antidrogue -
Et mi-septembre, le Département d'Etat a estimé que le Venezuela avait, avec la Birmanie et la Bolivie, "manifestement échoué au cours des 12 derniers mois" à faire les "efforts suffisants et significatifs pour respecter leurs obligations" en matière de lutte antidrogue.
Les autorités vénézuéliennes ont rejeté ces accusations, estimant qu'il s'agissait d'une campagne de dénigrement visant à affaiblir le gouvernement.
L'opposition au Venezuela menace, pour la première fois en 16 ans, de ravir aux élections législatives du 6 décembre la majorité au courant du président Nicolas Maduro, dont la popularité souffre de la grave crise économique.
Un basculement du Parlement serait historique, le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) s'étant habitué à accaparer tous les pouvoirs depuis l'élection d'Hugo Chavez, décédé en 2013 et auquel Nicolas Maduro a succédé.
Et pour ajouter aux troubles du président vénézuélien, des opposants ont déposé mardi une plainte contre lui devant la Cour pénale internationale (CPI), l'accusant de crimes contre l'humanité.