Le gouvernement et l'opposition au Burundi se sont tous deux dit vendredi "satisfaits" de la résolution adoptée dans la nuit par le Conseil de sécurité de l'ONU, chacun en donnant une lecture différente.
"Nous avons un texte assez juste et qui nous est assez favorable", a déclaré à l'AFP le ministre des Relations extérieures Alain-Aimé Nyamitwe, "agréablement surpris" par une résolution "plus équilibrée que le (projet de) texte alarmiste mis sur la table par la France".
Au nom du Cnared, coalition de l'opposition au troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, à l'origine de la crise, Jérémie Minani s'est dit "surpris de la réaction du régime de Bujumbura qui n'a sans doute rien compris à cette résolution, qui le menace de sanctions et de l'envoi de Casques bleus".
Cette résolution, aux termes vagues, demande à l'ONU de renforcer sa "présence" au Burundi, en y envoyant une équipe d'experts et en préparant dans les deux semaines des "options", ce qui pourrait inclure le déploiement des Casques bleus, sans que le terme soit employé.
Sans parler explicitement de sanctions, le texte évoque de possibles "mesures supplémentaires" contre ceux qui incitent à la violence et entravent la paix, et appelle le gouvernement à dialoguer avec tous les interlocuteurs "pacifiques", à l'intérieur ou à l'étranger.
Le projet initial évoquait "des sanctions contre les autorités et brandissait la menace de la Cour pénale internationale (CPI)", a expliqué M. Nyamitwe. "On en est loin, le texte final parle de +mesures supplémentaires+ qui ne sont pas précisées et on ne parle plus de la CPI".
Pressé par la communauté internationale de discuter avec ses adversaires, le gouvernement burundais refuse que ce "dialogue" se tienne hors du Burundi comme le réclament les anti-troisième mandat - aujourd'hui essentiellement en exil -, et exclut de discuter avec le Cnared, accusant ses membres d'être impliqués dans la tentative de coup d'Etat militaire du 13 mai et d'être derrière la rébellion naissante au Burundi.
"La résolution parle très clairement d'un dialogue avec +des interlocuteurs pacifiques+ ce qui exclut d'office toute personne compromise dans les violences ou dans la tentative de coup d'Etat", a tranché le ministre burundais.
"Ce n'est pas le cas du Cnared qui a opté pour un combat politique", a rétorqué M. Minani, soulignant que la coalition était "le seul interlocuteur valable" des autorités.
La candidature du président Nkurunziza à un troisième mandat, contraire selon ses adversaires à la Constitution et à l'accord d'Arusha ayant mis fin à la guerre civile (1993-2006), a plongé le Burundi dans une grave crise ayant fait au moins 240 morts et 200.000 réfugiés depuis fin avril et qui laisse craindre un retour de violences à grande échelle.
La répression de manifestations et la réélection en juillet de M. Nkurunziza n'ont pas empêché l'intensification des violences, désormais armées.