L'Eglise catholique du Rwanda a une nouvelle fois demandé pardon "pour tous les chrétiens" impliqués dans le génocide en 1994, qui a fait environ 800.000 morts, a-t-on appris lundi auprès du président de la Commission épiscopale du pays.
Une lettre d'excuses signée par les évêques représentant les neuf diocèses du Rwanda, et transmise lundi à l'AFP, a été lue dimanche dans toutes les églises du pays à l'occasion de la clôture par le pape François de l'"Année sainte de la miséricorde".
"Nous demandons pardon pour tous les chrétiens qui ont été impliqués dans le génocide, nous demandons pardon pour eux", a déclaré lundi à l'AFP l'évêque Philippe Rukamba, président de la Commission épiscopale rwandaise, rappelant que l'Eglise catholique rwandaise avait déjà formulé de telles excuses en 2000.
L'évêque a toutefois précisé qu'il s'agissait d'une demande de pardon pour des individus et non pour l'Eglise en tant qu'institution. "L'Eglise n'a pas participé au génocide", a-t-il affirmé.
Il a formulé cette précision notamment après que la ministre des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo avait déclaré dimanche soir sur Twitter: "l'Eglise catholique du Rwanda s'excuse pour son rôle dans le génocide de 1994, 22 après! Mieux vaut tard que jamais!"
Depuis la fin du génocide, qui a fait 800.000 morts en 1994 selon l'ONU, essentiellement parmi la minorité tutsi, l'Eglise catholique a été à plusieurs reprises mise en cause pour sa proximité avec le régime hutu extrémiste de l'époque et pour l'implication de prêtres et de religieux dans les massacres.
Entre avril et juillet 1994, de nombreuses églises furent le théâtre de tueries de masse, les miliciens hutu y trouvant leurs victimes rassemblées - parfois par des prêtres qui livraient ensuite leurs ouailles aux tueurs - et sans échappatoire.
Plusieurs prêtres, religieux et religieuses catholiques du Rwanda ont été jugés pour participation au génocide, principalement par les tribunaux rwandais, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ou la justice belge. Certains ont été condamnés, d'autres ont été acquittés.
Le plus haut responsable de l'Eglise catholique à avoir été jugé pour génocide, feu l'évêque Augustin Misago, avait été acquitté et libéré de prison en juin 2000.
Lors des commémorations du 20e anniversaire du génocide en avril 2014, le président Paul Kagame avait accusé l'Eglise catholique d'avoir "pleinement participé" à la mise en place de l'idéologie coloniale créant un clivage entre hutu et tutsi et ayant in fine abouti au génocide selon lui.
Environ la moitié des Rwandais sont aujourd'hui catholiques, alors que beaucoup se sont tournés depuis la fin du génocide vers les églises pentecôtistes dites "de réveil".