L'opposant congolais historique Étienne Tshisekedi appelle ses concitoyens "à ne plus reconnaître" Joseph Kabila comme président de la République démocratique du Congo dans une vidéo mise en ligne sur YouTube dans la nuit de lundi à mardi, dernier jour du mandat du chef de l’État.
"Je lance un appel solennel au peuple congolais à ne plus reconnaître l'autorité de M. Joseph Kabila, à la communauté internationale de ne plus traiter avec Joseph Kabila au nom de la République démocratique du Congo", déclare le vieil opposant d'une voix ânonnante.
Valentin Mubake, proche conseiller de M. Tshisekedi, a confirmé à l'AFP l'authenticité de cette vidéo tournée dans la résidence du "Sphynx de Limete", le quartier où il réside à Kinshasa.
La vidéo n'était pas visible en RDC où les autorités ont ordonné le filtrage, depuis dimanche soir, de tout contenu photo ou vidéo sur les réseaux sociaux.
Trébuchant à plusieurs reprises dans la lecture de son texte, M. Tshisekedi se reprend avec difficulté grâce au secours d'une voix hors champ qui lui souffle certains mots.
M. Tshisekedi, qui vient tout juste de fêter ses 84 ans, invite également le "peuple à rester vigilant et mobilisé pour des actions pacifiques, conformément à l'article 64 de la Constitution pour mettre fin à la forfaiture et à la trahison perpétrée par M. Joseph Kabila".
Le président de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) déclare également donner son accord au Rassemblement, large coalition d'opposition formée autour de sa personne, à "pousuivre les négociations" avec le pouvoir lancée le 8 décembre par les évêques catholiques du pays afin de trouver une sortie pacifique à la crise politique qui mine la RDC depuis la réélection contestée de M. Kabila fin 2011.
Suspendus samedi soir, ces pourparlers destinés à permettre l'instauration d'un régime de transition politique associant la majorité sortante et l'opposition, étaient censés reprendre mercredi.
Leur avenir apparaît cependant incertain après l'annonce dans la nuit, par ordonnance présidentielle, d'un nouveau gouvernement sans attendre le résultat de ces négociations.
Âgé de 45 ans, M. Kabila est au pouvoir depuis 2001. La Constitution lui interdit de se représenter. Son mandat s'achève mardi sans que l'élection qui devait lui trouver un successeur ait été organisée.