Les autorités à Bahreïn ont déclaré jeudi avoir interrogé le célèbre opposant Nabil Rajab pour avoir propagé de "fausses informations" dans un article publié en France où il appelle à s'opposer aux monarchies du Golfe, accusées d'alimenter "l'extrémisme".
Les déclarations attribuées à M. Rajab, actuellement emprisonné et jugé pour une autre affaire, dans un article mis en ligne mardi par Le Monde représentent des "insultes envers Bahreïn et les pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe) et une tentative de nuire à leurs intérêts", a affirmé l'agence officielle BNA.
L'affaire a été transférée au parquet, a ajouté BNA, tout en relevant que M. Rajab, interrogé par une unité chargée de la cybercriminalité dépendant du ministère de l'Intérieur, a nié les déclarations qui lui sont attribuées par Le Monde et a démenti avoir envoyé un article au quotidien français.
Selon le texte publié en son nom par Le Monde, ce militant des droits de l'Homme dénonce l'essor du groupe Etat islamique comme "la pire manifestation d'une idéologie violente qui reçoit encore le soutien de plusieurs Etats du Moyen-Orient".
"Les Etats du Golfe affirment être des alliés dans la bataille contre l'extrémisme, alors qu'ils ont alimenté la crise", poursuit l'article attribué à M. Rajab en appelant la France et l'Allemagne à "reconsidérer" leurs relations avec ces monarchies qui "nourrissent les flammes de la violence et de l’extrémisme".
Nabil Rajab, un chiite de 51 ans, est actuellement jugé pour avoir critiqué l'intervention militaire de l'Arabie saoudite et de ses alliés au Yémen, ainsi que la torture dans une prison à Bahreïn. Il risque jusqu'à 15 ans de prison.
Une nouvelle audience de ce procès est prévue le 28 décembre.
Des organisations de défense des droits de l'Homme ont demandé sa "libération immédiate".
M. Rajab est l'un des animateurs du mouvement de contestation qui réclame depuis plusieurs années une véritable monarchie constitutionnelle à la dynastie sunnite à Bahreïn.
Le petit royaume de Bahreïn est secoué par des troubles sporadiques depuis la répression en 2011 de cette contestation animée par la majorité chiite.
Jeudi, Human Rights Watch (HRW) a affirmé qu'un ingénieur en télécommunications, Sayed Alawi, avait été "détenu au secret" du 24 octobre au 27 novembre "sans accès à un avocat ou à sa famille".
HRW a précisé que M. Alawi, 43 ans, restait détenu en liaison avec de "présumées violations de la loi contre le terrorisme à Bahreïn".
"Ses chances d'avoir un procès équitable semblent très minces et les inquiétudes de sa famille sont absolument justifiées", a déclaré Joe Stork, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient, dans un communiqué.