Rutayisire en train de soudoyer M. Nsengumuremyi Isaïe avec force bière et en lui proposant 20.000 francs rwandais (37 usd). Celui-ci, témoin-victime, devait témoigner devant la juridiction d’appel du secteur de Runda contre l’assassin de son père pendant le génocide, M.Sinasebeje Vianney, condamné en première instance à 27 ans d’emprisonnement.
« Il voulait acheter mon silence total pendant le procès pour que les juges puissent prononcer aisément l’acquittement de ce génocidaire. Je ne peux pas boire le sang de mon père ! C’est pourquoi j’ai averti la police avant le rendez-vous », confie M. Nsengumuremyi.
Selon lui, M. Rutayisire l’a assuré qu’il n’y avait rien à craindre puisqu’il avait pris soin de contacter avant tous les juges de la juridiction à cet effet. M. Rutayisire nie le fait !
Dans l’impossibilité de nier « la bière et les 20.000 francs », il affirme que son geste n’était pas un acte de corruption, mais plutôt « un geste de demande de pardon qui selon la coutume doit se faire autour d’un verre ». « J’ai l’habitude de partager avec Nsengumuremyi. Et puis pourquoi aurais-je du utiliser mon propre argent ? », affirme M. Rutayisire
Selon des sources de la police locale, il s’agit bel et bien d’un cas de corruption dont on avait tant parlé dans des procès antérieurs mais sans preuves palpables. « La corruption est passée monnaie courante dans les procès ici. Mais il est difficile d’attraper les coupables quand les deux parties sont de connivence, sauf quand l’une d’elles se désiste comme dans ce cas d’espèce », affirme le chef de la police locale.
M. Rutayisire a été déferé devant le ministère public pour que son dossier soit instruit et jugé par les juridictions compétentes. Le prévenu est un juge inyangamugayo (juge élu par la population selon leur réputation d'intégrite). Depuis la mise en place des juridictions gacacas, prés de 50.000 juges "inyangamugayo" ont été relevés de leurs fonctions selon Madame Domitille Mukantaganzwa, responsable du Service National des Juridictions Gacaca.
SRE/PB/GF