Les experts de la Cour pénale internationale (CPI) ont bouclé jeudi à Libreville une mission préliminaire sur les violences post-électorales au Gabon après la réélection contestée du président Ali Bongo Ondimba en septembre.
Les conclusions de cette mission de deux jours seront transmises au parquet de la CPI qui décidera ou non de l'ouverture d'une enquête pour "crime contre l'humanité" ou "crime de guerre", à l'issue de laquelle le procureur pourra demander aux juges de délivrer mandats d'arrêts ou citations à comparaître.
La mission a rencontré des ministres -Défense, Intérieur, Justice, Communication-, le rival du président Bongo, Jean Ping, qui se proclame toujours le "président élu", et 15 ONG soutenant les victimes, ainsi que "certaines chancelleries occidentales", a précisé le gouvernement.
"Il faut continuer à recueillir des informations", a déclaré à l'AFP le chef de la section de l'analyse des situations à la CPI, Emeric Rogier.
"Le même épisode fait l'objet de versions très contradictoires par le gouvernement ou par l'opposition", a-t-il ajouté, prenant en exemple le nombre de victimes: "On est dans une fourchette qui va de trois à 300".
Manifestations, répressions, un millier d'interpellations, assaut sécuritaire contre le siège de Jean Ping, pillage, incendie de l'Assemblée...: les violences ont duré quelques jours après la proclamation des résultats le 31 août.
Les experts de la CPI sont venus "suite à la saisine du gouvernement", a rappelé le porte-parole de l'exécutif Alain-Claude Bilie-By-Nzé. L'opposition et les ONG souhaitaient également cette mission.
"Cette ouverture et cette transparence sont la preuve, si besoin en était encore, que nous n'avons rien à cacher", a ajouté le porte-parole dans un communiqué, se félicitant du climat "serein" de cette visite.
"Ils (les experts) ont vu des victimes, des parents qui ont perdu des proches", a déclaré un proche de Jean Ping, Anisset Bissielo.
L'entourage de Jean Ping souhaite désormais "que la CPI passe à l'étape suivante, qui est l'étape de l'enquête", a-t-il ajouté.
Les représentants de 15 ONG "se sont sentis écoutés", a déclaré à l'AFP un de leur porte-parole, Marc Ona, qui avait affirmé sur Twitter dimanche que "plusieurs victimes des massacres du 31 août 2016 reçoivent des appels anonymes pour qu'elles ne témoignent pas à la CPI".