Un informaticien syrien connu, Bassel Khartabil Safadi, a été exécuté en 2015 trois ans après son arrestation par les forces du régime en pleine guerre dans le pays, a annoncé sa veuve.
Grand défenseur d'un meilleur accès à internet en Syrie avant le déclenchement du conflit, Safadi est de père palestinien et de mère syrienne. Des rumeurs sur son exécution en détention avaient circulé en 2015.
"Les mots me viennent difficilement au moment où je m'apprête à annoncer (...) la confirmation de la peine de mort et l'exécution de mon mari Bassel Khartabil Safadi", a écrit Noura Ghazi Safadi sur sa page Facebook dans la nuit de mardi à mercredi.
"Il a été exécuté quelques jours après avoir été transféré de la prison d'Adra (près de Damas) en octobre 2015. C'est une fin qui sied à un héros comme lui", poursuit sa veuve qui avait épousé Bassel Safadi alors qu'il était en détention.
"C'est une perte pour la Syrie, c'est une perte pour la Palestine, c'est une perte pour moi", ajoute-t-elle.
Bassel Safadi avait été arrêté en mars 2012 dans la foulée de la répression menée par le régime du président Bachar al-Assad contre la révolte pacifique déclenchée un an plus tôt.
Des pétitions et des appels d'ONG comme Human Rights Watch et Amnesty avaient été lancées pour la libération de l'informaticien, exécuté à l'âge de 34 ans.
Ce dernier était très connu dans la communauté mondiale dite de l'internet libre (open internet), qui prône une utilisation non restreinte de la toile.
Son travail était d'autant plus important dans un pays régi par régime autoritaire depuis plus d'un demi-siècle et où la censure est reine. Internet n'a été introduit en Syrie que dans les années 2000 avec des restrictions imposées sur plusieurs sites.
En 2016, HRW avait souligné que la détention de l'informaticien "semble être la conséquence directe de son travail légitime et pacifique pour la promotion et la protection du droit à la liberté d'expression".
Bassel Safadi a notamment contribué à des projets dits "open source" comme Mozilla Firefox ou Wikipedia.
Ayant lancé à Damas en 2010 Aiki Lab -dédié aux technologies collaboratives-, il a "permis aux gens d'avoir de nouveaux instruments pour s'exprimer et de communiquer", écrivait le Guardian dans un portrait de lui en 2015.
De quoi inquiéter le pouvoir à Damas, d'autant plus que les réseaux sociaux ont été le moyen de communication privilégiée des militants anti-régime pour couvrir la révolte.
Celle-ci, durement réprimée, s'est transformée en guerre civile sanglante qui a fait plus de 330.000 morts.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a lui aussi confirmé l'exécution de Bassel Safadi.
Plus de 60.000 personnes ont été exécutées ou sont mortes sous la torture dans les geôles du pouvoir, selon l'ONG qui estime à plus de 200.000 le nombre des détenus aux mains du régime.