Selon le chef du service de presse du tribunal, M. Bocar Sy, la visite du président Bush n’est pas prévue au tribunal.
Le TPIR, créé par le Conseil de sécurité des Nations unies en 1994 après le génocide qui a coûté la vie à 800.000 personnes, vise notamment à lutter contre l’impunité dans la région des Grands lacs. Il emploie environ 1000 personnes, dont une vingtaine d’américains, et a coûté 1 milliard de dollars depuis sa création. Selon une source officieuse, faute de chiffres officiels, les Etats-Unis le financent à hauteur d’environ 20%.
« Les Etats-Unis sont considérés comme les champions du monde dans la lutte contre toute forme de discrimination, et contre tout traitement dégradant à l’égard des peuples et des êtres humains. La décision de ne pas venir voir ce que font des experts au TPIR est un gros raté dans la visite du président Bush », commentait vendredi M. Simon Mapolu, un homme d’affaires local.
Le précédent président américain Bill Clinton, qui n’avait pas non plus rendu visite au TPIR lors d’une visite à Arusha, avait publiquement présenté ses excuses après le génocide, comme le précédent secrétaire général des Nations unies Kofi Annan. Après la Tanzanie, le président Bush est attendu au Rwanda où il commémorera le génocide.
« Eviter le TPIR dans cette visite n’est pas correct » estime pour sa part Nicodemus Ikonko, journaliste dans la capitale tanzanienne, Dar es Salaam, après avoir couvert les activité du tribunal pendant 8 ans. Pour lui le président Bush « est un homme qui lutte pour la démocratie et cela équivaut à nier les efforts faits pour lutter contre l’impunité dans la région et dans le monde ».
Les Etats-Unis sont le principal contributeur de l’organisation des Nations unies fait observer Walter Maeda, un important homme d’affaires de la ville, « il m’aurait semblé évident que Bush s’intéresse à ce que fait le TPIR » dit il.
Me Patrice Monthe, un avocat camerounais qui a plaidé devant ce tribunal estime qu’au contraire « avec ce que Bush fait à Guantanamo, on n’a pas besoin de lui ici ». « Il veut faire semblant que cela n’existe pas » explique une autre avocate, la québecoise Nicole Bergevin qui défend la ministre rwandaise de la famille accusée de génocide.
Le TPIR a rendu depuis sa création 35 jugements et 27 personnes sont en train de comparaître. Neuf attendent encore le début de leur procès alors que le Conseil de sécurité a ordonné que tous les procès en première instance soient finis à la fin de l’année 2008.
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