Les activistes rohingyas, dont les attaques fin août en Birmanie avaient déclenché une campagne de répression de l'armée, ont souligné samedi que le cessez-le-feu unilatéral d'un mois, déclaré le 10 septembre, s'achevait dans deux jours, tout en disant rester ouverts à la paix.
Dans un communiqué publié sur Twitter, l'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA) explique que la trêve s'achèvera le 9 octobre à minuit.
"La pause humanitaire a été décidée afin de permettre aux acteurs humanitaires d'évaluer et de répondre à la crise humanitaire en Arakan", l'actuel Etat Rakhine dans l'ouest de la Birmanie, selon ce communiqué. "Si, à n'importe quelle étape, le gouvernement birman se montre ouvert à la paix, alors l'ARSA lui réservera un bon accueil et agira en réciprocité".
Dans les camps de réfugiés du Bangladesh, la prochaine fin du cessez-le-feu était accueillie avec circonspection. Des Rohingyas interrogés par l'AFP redoutaient une nouvelle flambée de violences qui relancerait l'exode vers ce pays pauvre et y aggraverait la crise humanitaire.
"L'armée (birmane) et l'ARSA devraient s'asseoir à une même table. La solution est dans la négociation, pas en se massacrant et en se mutilant les uns les autres", a déclaré Mohammed Idriss, réfugié du camp de Kutupalong.
Un responsable de l'ONU basé à Dacca, Robert Watkins, a lui fait part de son inquiétude concernant le projet d'extension du camp de Kutupalong, où vivent déjà plus de 300.000 réfugiés Rohingyas et dont la capacité pourrait être portée 800.000 places.
"Quand vous concentrez trop de gens dans un petit espace, en particulier des personnes vulnérables aux maladies, c'est dangereux", a-t-il déclaré à l'AFP.
"En cas de maladies infectieuses, il y a beaucoup plus de chances qu'elles se transmettent rapidement", a-t-il ajouté, en mentionnant également les risques en cas d'incendie dans le camp.
Les nouveaux abris doivent être construits sur une surface de quelque 1.200 hectares, accolée au camp actuel, qui pourrait devenir le plus grand camp de réfugiés au monde.
Des attaques coordonnées de plusieurs dizaines de postes-frontières birmans le 25 août par des rebelles rohingyas ont déclenché une opération de répression de l'armée birmane qui a suscité la fuite de plus d'un demi-million de réfugiés rohingyas depuis le nord de l'Etat Rakhine vers le Bangladesh.
Cela représente la moitié de cette communauté musulmane apatride d'un million de personnes, installée en Birmanie depuis des décennies.
Dans son communiqué, l'ARSA, apparue il y a quelques mois, affirme avoir aidé à fournir "un passage sûr" aux réfugiés fuyant vers le Bangladesh.
L'ONU juge que l'armée birmane et les milices bouddhistes se livrent à une épuration ethnique contre la minorité musulmane.
Accusée d'incendier des villages pour inciter les Rohingyas au départ, l'armée birmane a mis en cause vendredi les rebelles rohingyas eux-mêmes. Les autorités birmanes interdisent l'accès à la zone de conflit.
Après quelques jours d'accalmie, l'exode des Rohingyas vers le Bangladesh a repris à grande échelle cette semaine, principalement en raison du manque de nourriture dans l'ouest de la Birmanie, où la souffrance est "inimaginable" selon l'ONU.
Selon les chiffres publiés vendredi par l'ONU, quelque 515.000 réfugiés ont fui la Birmanie vers le Bangladesh depuis le 25 août. Environ 2.000 réfugiés continuent à arriver chaque jour, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).