Les transitions difficiles ou contrariées du Togo à l’Egypte en passant par le Burundi ont dominé la semaine. Autant de pays où recule la justice et stagnent les transitions démocratiques.
Au Togo, la crise est ouverte entre la dictature dynastique des Gnassingbé au pouvoir depuis plus de 50 ans et les Togolais qui aspirent à la démocratie et à un Etat de droit. Notre correspondant à Lomé Maxime Domegni écrit : « Dans ce petit d’Afrique de l’Ouest, les éléments d’une insurrection se mettent en place. Dans la rue, les jeunes ne cachent plus leur volonté d’aller à des affrontements. Les Togolais ont l’impression de vivre un tournant. Les églises ont apporté leur soutien à la rue. Les soutiens de la dynastie se font discrets. Du côté du pouvoir, on tient encore, comptant, comme d’habitude, sur l’armée. Et aussi sur le soutien de l’Union africaine et celui de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), des organisations bien souvent complaisantes et au service des dirigeants en place ».
Les Togolais espèrent et s’interrogent : « combien de temps vont encore durer ces soutiens? ». Mais pour l’heure, dans ce pays oublié des médias et de la communauté internationale, Gnassingbé fils s’accroche au pouvoir et veut rempiler éternellement.
Comment les dictateurs se maintiennent au pouvoir
Dans un article très éclairant, l’universitaire français André Guichaoua explique comment ces pouvoirs ont su se maintenir au pouvoir. Guichaoua écrit : “ de Kinshasa à Kampala en passant par Brazzaville, Luanda et Bujumbura, des contestataires courageux, bénéficiant généralement de la bienveillance et parfois du soutien actif de la population, ont organisé de nombreuses mobilisations. Elles exprimaient l’exaspération et les attentes d’une génération dénonçant des régimes accrochés au pouvoir et dont l’autoritarisme s’accroissait proportionnellement aux désillusions engendrées”. Mais, ajoutait le professeur, “face à ces aspirations au changement, les forces au pouvoir ont généralement fait preuve d’une grande capacité de résistance et d’adaptation. Partout elles l’ont emporté, sauf à ce jour au Kenya où un second vote doit se tenir le 26 octobre après l’annulation-surprise du scrutin par la Cour suprême”. Elles savent manier ce que le sociologue appelle : “ des rites de consécration démocratiques savamment mis en scène”.
Malgré les limites et obstacles opposés à la justice, “l’impunité reste la préoccupation de ces Présidents”, ajoute l’article. Car, “ même dans les pays soumis à l’autoritarisme le plus agressif, il existe toujours des pôles de résistance structurés dont la voix peut être entendue. L’une de leurs tâches prioritaires consiste à documenter les exactions. Leurs données serviront de preuves lorsque des poursuites pourront être engagées”.
Droits de l'homme en Egypte et Tunisie
C’est ce que tente de faire le militant égyptien Mohamed Zaree qui a reçu mardi à Genève le prestigieux Prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits humains. Notre correspondant Frédéric Burnand écrit : “Toujours menacé d’un procès qui pourrait lui valoir 30 ans de prison, Mohamed Zaree n’a pu se rendre à Genève pour recevoir le Prix Martin Ennals, interdit qu’il est de sortie du territoire national. Son crime? Un engagement sans relâche en faveur des libertés considéré par le régime du président Abdel Fattah al-Sissi comme une atteinte à la sécurité de l’Etat”.
Selon Bahey El Din Hassan de l’ l’Institut du Caire pour l’étude des droits humains, dont Mohamed Zaree est le représentant en Egypte : «La situation est inédite en Egypte en termes de tueries, de tortures, de disparitions forcées ou de répression des médias. Le président Abdel Fattah al-Sissi dépasse tous ses prédécesseurs en matière de répression. Il ne vise plus seulement les islamistes, mais l’ensemble de la société civile et des espaces de liberté.»
Là-aussi, sans que la communauté internationale s’en émeuve. Au risque de faire le lit des plus radicaux. Reste la Tunisie, dernier rempart de feu le printemps arabe, où là-aussi le pouvoir avait bénéficié de l’indulgence internationale et régionale, au nom de sa supposée lutte contre les islamistes.
Un pays, où artistes et acteurs de la société civile ont toujours le courage de se mobiliser pour les autres, les migrants. Comme Sadika Keskes, qui a offert des tombeaux de verre aux morts de la Méditerranée, ou l’urgentiste Reem Bouarouj, première femme arabe à avoir opéré des missions de secours toujours en Méditerranée destinés aux clandestins.
Selon Bahey El Din Hassan de l’ l’Institut du Caire pour l’étude des droits humains, dont Mohamed Zaree est le représentant en Egypte : «La situation est inédite en Egypte en termes de tueries, de tortures, de disparitions forcées ou de répression des médias. Le président Abdel Fattah al-Sissi dépasse tous ses prédécesseurs en matière de répression. Il ne vise plus seulement les islamistes, mais l’ensemble de la société civile et des espaces de liberté.»
Là-aussi, sans que la communauté internationale s’en émeuve. Au risque de faire le lit des plus radicaux. Reste la Tunisie, dernier rempart de feu le printemps arabe, où là-aussi le pouvoir avait bénéficié de l’indulgence internationale et régionale, au nom de sa supposée lutte contre les islamistes.
Un pays, où artistes et acteurs de la société civile ont toujours le courage de se mobiliser pour les autres, les migrants. Comme Sadika Keskes, qui a offert des tombeaux de verre aux morts de la Méditerranée, ou l’urgentiste Reem Bouarouj, première femme arabe à avoir opéré des missions de secours toujours en Méditerranée destinés aux clandestins.