» témoigne François Rutareka, un ancien conseiller de secteur rescapé.
« Voyant que nous ne cédions pas, ils ont fait appel à des gendarmes et des soldats de la garde présidentielle. Plusieurs d'entre nous sont tombés sous les balles de leurs fusils d'assaut, les rescapés se sont égaillés pour aller mourir ailleurs. Nous sommes une poignée de gens à avoir survécu », poursuit ce sexagénaire écrasé, dit-il, « sous le poids de la solitude. »
L'un des actes de bravoure des insurgés de Mwulire, a indiqué Rutareka c’est « la mort de deux policiers » et « le véhicule des militaires que nous avons brûlé avec des feuilles de bananier ».
Ce témoignage est l'un des faits marquants des cérémonies de clôture de la semaine de commémoration officielle du génocide de 1994 dans le district de Rwamagana, organisé au site mémorial de Mwulire.
Ces cérémonies ont coïncidé avec l'inhumation en toute dignité de 3.048 victimes exhumées de presque toutes les cellules du secteur de Mwulire.
Ce site mémorial, qui a hébergé les cérémonies de la 10ème commémoration du génocide, abritait déjà les dépouilles de près de 15.000 victimes.
Jean-Baptiste Ndanyuzwe, le vice- maire chargé des affaires économiques, qui représentait l'autorité du district, a appelé la population à « la lutte acharnée contre l'idéologie du génocide comme une récompense digne à la bravoure des victimes de Mwulire. »
Il a par ailleurs recommandé l’aide inconditionnelle aux rescapés du génocide et la participation active au développement du pays.
La vice-présidente locale d'Ibuka, la principale association de défense des intérêts des survivants du génocide, Immaculée Mukankubito, tout en reconnaissant les efforts fournis par le gouvernement, a néanmoins déploré "la précarité de la sécurité des rescapés", et l'appui"minime" qu’ils reçoivent.
La célébration spécifique de la mémoire des victimes de Mwulire aura lieu le 18 avril prochain, date à laquelle le glas a sonné pour les 15.000 âmes qui y reposent, a indiqué une source locale
Depuis bientôt 3 ans, la commémoration officielle du génocide va du 7 au 13 avril, et dure jusqu'en juillet pour Ibuka, couvrant ainsi les 100 jours qu'a duré le génocide des Tutsis en 1994.
SRE/AT/GF