BTH, qui était détenu au Rwanda, a été par la suite libéré et a fui son pays. C’est dans son exil qu’il a révélé avoir été forcé de témoigner contre certaines personnes accusées devant le TPIR dont Nzirorera. Le tribunal, prévenu de ce revirement, a ordonné qu'il soit entendu de nouveau.
Jeudi, il a affirmé que lui-même ainsi que d’autres personnes détenues au Rwanda avaient reçu l’ordre de porter de faux témoignages devant le TPIR. Afin de crédibiliser ses premiers témoignages il avait reconnu avoir tué 5 puis 6 tutsis ce qu'il a nié. "Je n'ai tué personne et d'ailleurs dans mes dossiers judiciaires je n'ai jamais été accusé de meurtre (...) tout cela était des inventions" a-t-il dit.
«Nous avions déjà passé une longue période en prison et lorsqu’on nous a demandé de donner ces témoignages mensongers nous pensions que c’était une voie de sortie qui nous était offerte », a-t-il expliqué. BTH a expliqué que de tels ordres devaient être exécutés d’autant plus qu’ils venaient des « autorités ».
L’avocat de Nzirorera, Me Peter Robinson (Etats-Unis), ayant relevé plusieurs contradictions dans ses deux précédentes dépositions, BTH a répondu : « il était facile de se contredire parce que nous racontions des mensonges et à certains moments il était difficile de se rappeler ce qu’on avait dit auparavant ». « Nous devions répéter un texte que nous avions appris et qui n’était pas la vérité », a-t-il poursuivi.
Nzirorera est jugé depuis septembre 2005 avec deux autres responsables du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), le parti de l’ex-chef de l’Etat rwandais Juvénal Habyarimana dont la mort, le 6 avril 1994, au cours d’un attentat aérien, a déclenché le génocide des Tutsis.
Les coaccusés de Nzororera sont Matthieu Ngirumpatse, le président du parti, et Edouard Karemera, un de ses vice-présidents.
BTH devrait également comparaître, à la demande de la défense, dans le procès de quatre anciens ministres et dans celui de quatre officiers dont deux anciens chefs d’état major. Jeudi matin le procureur, qui avait recueilli ses premières dépositions a attiré l'attention du témoin sur le risque d'être mis en accusation pour outrage à la cour aprés avoir reconnu des faux témoignages. Le témoin en a profité pour faire part de ses inquiétudes pour sa sécurité.
Alors que depuis le début des audiences en 1997 les accusations de faux témoignages se sont multipliées au TPIR, un premier témoin a été jugé et condamné pour cela à la fin de l'année dernière et vient d'être libéré aprés avoir effectué neuf mois de prison.
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