Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a appelé jeudi le pape François à limoger un archevêque condamné pour avoir couvert des actes pédophiles, l'un des ecclésiastiques les plus hauts placés dans la hiérarchie catholique mondiale à se trouver dans un tel cas.
Philip Wilson, archevêque d’Adélaïde, 67 ans, a été condamné début juillet à un an de prison. En mai, il avait été reconnu coupable d'avoir dissimulé les sévices commis dans les années 1970 par Jim Fletcher, prêtre pédophile notoire, en s'abstenant de dénoncer les accusations portées contre lui.
Mais il a été maintenu dans ses fonctions. S'il s'est mis en congé pour la procédure, l'archevêque a refusé de démissionner dans l'attente d'un appel, ce qui a poussé M. Turnbull à demander l'intervention du Vatican.
"Il aurait dû démissionner, et le temps est venu pour le pape de le limoger", a-t-il déclaré à la presse. "Bon nombre de dirigeants ont demandé sa démission, il est clair qu'il doit démissionner et je crois que le temps est venu maintenant pour que l'autorité ultime de l'Eglise agisse et le renvoie".
Le chef du gouvernement s'exprimait avant une rencontre jeudi avec de hauts représentants de l'Eglise catholique.
L’ecclésiastique dément toute les charges. Ses défenseurs avaient tenté par quatre fois d'obtenir l'abandon des poursuites, faisant valoir que la maladie d'Alzheimer dont il est atteint devait lui éviter un procès, ce qui ne l'avait pas empêché d'être maintenu à son poste.
En le condamnant à 12 mois de détention, le tribunal de Newcastle avait également suspendu l'audience jusqu'au 14 août pour déterminer si l'archevêque pouvait être autorisé à purger sa peine assigné à résidence au domicile d'un proche.
Comme ailleurs dans le monde, l'Eglise catholique australienne a été accusée d'avoir refusé de voir ou couvert des actes pédophiles.
Après une décennie de révélations, le gouvernement australien avait cédé aux pressions et créé en 2012 une Commission d'enquête royale sur les réponses institutionnelles aux crimes de pédophilie.
Pendant cinq ans, elle a recueilli des témoignages éprouvants de milliers de victimes de tels actes dans les églises, les orphelinats, les clubs de sport, les organisations de jeunesse et les écoles.
En décembre, la commission d'enquête avait conclu que les institutions australiennes avaient "gravement manqué à leurs devoirs" envers les enfants pendant des décennies.
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