Léopold Munyakazi, un universitaire et ancien dirigeant syndical rwandais qui avait été extradé des Etats-Unis pour participation présumée au génocide des Tutsis de 1994 a échappé à la prison à perpétuité, à l’issue de son procès en appel, le vendredi 20 juillet.
En première instance, ce linguiste originaire de Gitarama, dans le centre du Rwanda, avait été reconnu coupable de génocide, mais aussi de négation et minimisation du génocide. Dans leur arrêt rendu vendredi 20 juillet 2018, les juges du second degré l’ont acquitté de toutes les charges de génocide et maintenu sa culpabilité pour négation et minimisation du génocide. L’ancien professeur à l’Université nationale du Rwanda (UNR) a ainsi vu sa peine réduite de la perpétuité à neuf ans d’emprisonnement.
Le procès en première instance s’était déroulé dans un climat extrêmement tendu entre la chambre et Munyakazi, qui accusait le tribunal de violer ses droits.
A sa demande, le procès en appel s’est tenu pour l’essentiel sur les lieux des faits de génocide allégués contre lui, à Kamonyi, sans sa région natale de Gitarama. Plusieurs témoins, parmi lesquels des rescapés du génocide, ont déposé en sa faveur, tandis que quelques autres l’ont mis en cause. Au regard des contradictions entre ces témoins, la Haute cour a prononcé un acquittement en ce qui concerne ces faits de 1994.
Sa responsabilité pour négation et minimisation du génocide a été retenue pour ses déclarations publiques aux Etats-Unis entre 2006 et 2008.
Aujourd’hui âgé de 67 ans, Léopold Munyakazi était en 1994 secrétaire général de la Centrale syndicale des travailleurs du Rwanda (CESTRAR), après avoir été professeur de linguistique à l’Université nationale du Rwanda.
Après le génocide, il avait d'abord été détenu dans une prison rwandaise, avant d'être relâché par les autorités et de gagner les Etats-Unis, où il avait demandé l’asile tout en enseignant le français dans des écoles et universités.
Kigali avait émis deux mandats d’arrêt à son encontre en 2006 et 2008. Il avait réussi pendant des années à s’opposer à son extradition, avant d’être ramené à Kigali fin septembre 2016 à bord d’un vol charter américain.