La famille de l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet va pouvoir conserver la plupart de ses biens: la Cour suprême a ordonné vendredi la saisie de 1,6 million de dollars sur les près de 5 millions initialement gelés par la justice dans un scandale de corruption.
"Est ordonnée la saisie des biens (...) qui étaient la propriété d'Augusto José Ramon Pinochet Ugarte, ou d'une de ses sociétés, pour un montant équivalent à 1.621.554 dollars", indique la décision de la plus haute instance judiciaire du pays consultée par l'AFP.
Cette mesure définitive intervient dans le cadre de l'"affaire Riggs", une enquête sur la manière dont des responsables chiliens avaient aidé Augusto Pinochet à cacher une partie de sa fortune dans la banque Riggs aux Etats-Unis.
Elle revient en partie sur la restitution à la famille de Pinochet en 2017 d'avoirs d'une valeur de près de 5 millions de dollars qui avaient été saisis en 2004 dans ce même dossier.
L'Etat avait alors fait appel en demandant l'annulation de cette décision. La Cour suprême donne donc partiellement raison à la famille de l'ex-dictateur qui peut conserver la majorités de ces biens.
Par ailleurs, la Cour suprême a condamné vendredi trois militaires retraités Gabriel Vergara Cifuentes, Juan Ricardo Mac Lean Vergara et Eugenio Castillo Cadiz, à quatre ans de prison avec sursis pour "détournement de fonds publics".
- Fausses identités -
Augusto Pinochet est décédé d'un infarctus en 2006 à l'âge de 91 ans. Ses héritiers sont son épouse Lucia Hiriart, âgée de 95 ans, et leurs cinq enfants.
Le général Pinochet a dirigé de 1973 à 1990 une dictature au cours de laquelle 3.200 personnes ont été tuées ou ont disparu et 38.000 personnes ont été torturées, selon des organisations de défense des droits de l'homme.
L'enquête de la justice chilienne sur d'éventuelles malversations a commencé après la découverte à la banque Riggs de Washington et dans d'autres établissements bancaires d'une centaine de comptes secrets sur lesquels Pinochet avait caché à partir de 1981 près de 20 millions de dollars, grâce à des manoeuvres financières complexes.
Pinochet utilisait pour ces opérations une série d'identités alternatives, des variantes de son nom comme Augusto P. Ugarte, A. Ugarte, José Ramon Ugarte et J.P. Ugarte, ainsi que des pseudonymes comme Daniel Lopez ou John Long.
En 2005, la banque Riggs a reconnu avoir caché les comptes de Pinochet et a accepté de payer une amende de 16 millions de dollars.
L'ancien dictateur avait été poursuivi et placé en résidence surveillé dans le cadre de cette affaire mais est mort sans avoir été condamné, le 10 décembre 2006.
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